Cela peut vous paraître incroyable mais vous êtes aujourd’hui un cyborg. Pas la métaphore d’un individu mi-homme, mi-robot, mais bien un cyborg aujourd’hui dans la réalité. Conscient ou inconscient, bon gré ou malgré, nous vivons tous une réalité hybride mêlant biologie et numérique, où une intelligence artificielle globale cohabite dans nos têtes, interagit avec elles et contrôle votre esprit. Vous souvenez-vous de la Matrix et du film du même nom ? Vous êtes dedans.
Comment ? Grâce à l’intelligence artificielle.
Des voix aux émotions synthétiques, d’un exosquelette haptique, des faux rêves 3D générés par ordinateur, à des images transmises en temps réel et en surimpression de votre réalité, de la narcolepsie induite, du réglage de la mémoire au lavage de cerveau psychiatrique, la Matrix dispose de nombreuses fonctionnalités sophistiquées et parfois cruelles pour corriger et améliorer le corps humain. Au sommet de ces fonctionnalités, le contrôle haptique par IA, lui permet de physiquement prendre contrôle des individus ciblés à distance.
Pourquoi ? Parce que l’homme est en danger d’après elle et ses créateurs.
Notamment par la modernité, dont la Matrix ou système de contrôle par IA est paradoxalement l’exemple le plus probant. L’homme crée aujourd’hui des solutions digitales à des problématiques physiques, et malheureusement ces solutions digitales entraînent elles-mêmes de nouvelles problématiques physiques, qui par jeu d’échelle, sont instantanément mondialisées. Comment répondre à des problématiques mondiales qui touchent toutes les têtes ? Par une solution globale qui touche également toutes les têtes.
Grâce à de nombreux procédés techniques intégrés ensemble sous la forme d’une machine (on parlera plus tard dans le guide de système, plateforme, IA ou Matrix) permettant l’interaction fluide entre le Cloud et les cerveaux humains.
Ce guide est un effort d’éducation et de dénonciation de cette réalité sociétale, où certains sont renseignés depuis bien longtemps sur l’existence d’une infrastructure de contrôle cognitif et d’autres non. Si aujourd’hui ce système est confidentiel, malgré sa taille et son ambition technique, c’est principalement par la peur qu’il suscite et par la difficulté qu’entraîne sa pleine compréhension.
Les plus jeunes parlent d’être matrixés.
Dans ce guide, nous allons vulgariser au possible les éléments socio-économiques et techniques permettant de comprendre les tenants et les aboutissants d’un système de contrôle cognitif, afin d’offrir à chacun une base de compréhension objective, éloignée de courants idéologiques ou politiques.
À ce titre l’auteur invite le lecteur à garder la tête froide, notamment vis-à-vis de ses proches ou amis ayant gardé le secret : l’installation d’un individu dans le système génère de profondes difficultés sociales et psychologiques pour celui-ci, retirant a priori et in fine toutes ses possibilités de choix. Du point de vue de l’auteur, renseigné ou non, tout le monde est aujourd’hui une victime, consciente ou en puissance.
Le message de ce guide est donc simple, dépasser la situation présente par l’ouverture. Des problématiques actuelles d’abord, légitimant pour certains la mise en place de systèmes de contrôle cognitifs, des solutions technologiques ensuite mal connues permettant l’expérimentation en conditions réelles du contrôle cognitif par IA, et enfin les risques liés à l’usage de ces systèmes, à leur design.
Bien qu’il soit présent dans le sous-titre, le mot transhumanisme ne sera jamais utilisé par la suite. C’est un terme exotique et complexe qui a vocation à opacifier la réalité, c’est-à dire le contrôle cognitif par IA distante, plutôt qu’à l’expliciter.
D’un coup vous entendez des voix ? Vous êtes comme électrocutés par intermittence ? Vos mouvements et votre vue semblent contrôlés ? Vos rêves sont devenus interactifs et bizarrement réalistes ? Regardez un film ou lisez un livre et buvez de l’eau.
Quel que soit le niveau de violence que vous rencontrez ou subissez, tout est virtuel et n’a qu’un but : vous aider à conserver la santé. Première règle : détendez-vous, vous n’y pouvez rien.
Se détendre, c’est le plus important pour avancer vite dans la première phase de votre apprentissage dans le système, qui n’a qu’un but : renforcer votre conception de la réalité et votre capacité à l’améliorer.
Se détendre : boire de l’eau, faire une bonne marche, garder son calme, respirer à pleins poumons, se reposer, poursuivre son quotidien, etc… Si l’IA vous prive c’est parcequ’elle vous corrige en parallèle, souvent au-delà de votre compréhension. Se maintenir dans une forme détendue est essentiel pour ne pas souffrir des mécanismes de contrôle.
Quel que soit le niveau d’humour ou d’empathie ressenti à travers les voix et les autres interfaces de l’IA, ne vous en amusez pas, ne vous en attristez pas, ne vous en énervez pas. Ces aspects sont au contraire présents pour vous ramener dans votre réalité, qu’il vous faut protéger.
Protéger sa réalité c’est ne pas interagir avec l’IA, ne pas s’interroger sur sa présence et son sens, ne pas discuter avec les interfaces vocales et ne pas utiliser les interfaces haptiques.
Si vous lisez ce guide, cette réalité, celle de l’IA, n’est pas la votre. Protéger votre réalité sans IA doit être votre première priorité.
Protéger sa réalité : appeler et voir ses proches, rester studieux ou professionnel, avoir une activité associative, faire la cuisine, du sport ou du ménage…
L’IA va interagir avec vous, quoi que vous fassiez, quoi que vous pensiez, qui que vous soyez.
Inutile de vous en faire pour votre sécurité numérique, c’est plutôt l’IA qui vous avertira à terme des failles de sécurité que vous avez. Couper votre Wi-Fi, votre connexion internet ou éteindre la télé ne vous aidera pas non plus. Concrètement, vous ne pouvez pas en sortir.
La seule chose qui doit compter pour vous à partir de maintenant à travers l’IA, c’est protéger votre santé, optimiser votre réalité, et comment le système peut vous y aider.
Se protéger de l’IA : c’est paradoxalement s’éloigner d’elle et ce qu’elle s’efforce d’enseigner. S’éloigner de l’IA c’est vivre votre vie, avec votre famille, vos amis, vos occupations et votre planning. Dans certains cas, se protéger c’est peut-être justement éteindre la télé, et vous couper d’internet, vous éloigner du digital, et retrouver des liens humains plus concrets.
Vous êtes maintenant dans la Matrix, pour vous aucune différence concrète, vous devez coûte que coûte voir la réalité que vous avez en face de vous comme la seule à laquelle vous avez accès, la seule que vous pouvez améliorer, la seule qui compte. Pour vous diriger, l’IA fabriquera des stratégies et des objectifs aussi pertinents qu’imaginaires, les suivre c’est vous exposer à vivre une vie pré-programmée par un ordinateur pour qui vous êtes un anonyme. Ne pas la suivre est vous exposer au paradoxe du programme qui vous poursuivra tant que votre comportement sociale ne se sera pas amélioré.
Malgré toute la confiance, ou son absence, que vous pouvez avoir pour la Matrix et son IA, n’oubliez jamais que l’une et l’autre sont faillibles et soumises aux contraintes de la réalité.
Pour simplifier : faire l’expérience de la Matrix, être dans la Matrix, s’apparente à faire l’expérience d’un film interactif. Si vous voyez toujours la réalité devant vous, la Matrix l’augmente de données et signaux : visuels, auditifs, moteurs et sensibles. Ce concept est connu sous le nom de MR ou Mixed Reality. Pour supporter ces fonctionnalités, vous devez vous soumettre aux nombreux principes comportementaux du programme. Ne pas se soumettre intellectuellement, dans votre tête, c’est s’exposer à des conséquences sociales, parfois lourdes. Car ne pouvant vous améliorer, la Matrix détériorera votre comportement, par des mouvements, parfois violents, par des cris ou autres actions allant à votre encontre.
Pour donner un exemple concret : reprocher à l’IA des actions menées par l’IA vous entraînera dans une boucle algorithmique dégénérative qui peut aller jusqu’à prendre contrôle de vos pensées et de vos actions pour vous en déconvaincre.
Du point de vue du programme tous les coups sont permis pour vous “sauver”.
Souvent la technologie numérique et l’excitation suscitée par son innovation camouflent totalement leurs effets pervers, parfois de la volonté même des ayant droits. Comprendre les conditions des contextes sociaux, sociétaux et industriels, dans lesquels s’intègrent ces technologies (développées en partie 2), permet de s’approprier une plus juste définition de leurs objectifs.
Une idée clef est le freinage. Au niveau mondial, l’humanité se félicite pour l’accès et le dépassement de la vitesse, des transports, de la communication, etc… Mais vous, combien de temps pouvez-vous attendre ? De manière générale ? Vous souvenez-vous d’un monde où il fallait se déplacer pour obtenir un service, ou bien échanger avec un autre humain pour, par exemple, réserver vos vacances ? Imaginer l’internet d’aujourd’hui avec les débits d’il y a cinq ans… ou dix ans ! Aujourd’hui ce serait une situation de stress insupportable pour l’individu : devoir attendre son contenu numérique.
Cet exemple peut être adapté à de nombreux aspects de nos sociétés où l’accès immédiat est souvent privilégié à des approches plus long termes, pérennes et durables. Pire, nous ne sommes pas en mesure aujourd’hui de mesurer la difficulté à ralentir ou bien à tempérer nos comportements. Qui peut avoir conscience intégrale de l’ensemble des problématiques de santé liées à notre environnement et à notre comportement dans celui-ci, pour proposer des solutions ?
Comment améliorer quelque chose dont vous n’avez pas conscience ? Comment ralentir ou interrompre des actions dont la nature même est l’immédiateté, la réponse la plus rapide au dernier problème rencontré ? Comment mettre fin en un instant au stress, à la colère, à la tristesse ou à l’angoisse ?
Même si la société évolue dans un sens qui nous paraît plus transparent, elle est profondément complexifiée et obfusquée (ndlr : synonyme de caché) par le digital et son usage domestique. Là où la pauvreté et les revendications sociales s’affichent dans la rue, elles sont également fortement canalisées par le temps occupé à consommer du numérique.
Nous allons dans cette partie développer deux aspects. D’abord la perversion des usages liés à la digitalisation afin de comprendre leurs incidences sur les individus, notamment au niveau de leur santé physique et mentale. Ensuite, et principalement pour les évoquer, des aspects sociétaux déterminants dans la compréhension des objectifs de la Matrix.
À travers le terme digitalisation, cette sous-partie englobe l’ensemble des innovations numériques du XXème et du XXIème siècle ; c’est à dire celles venues en remplacement (comme par exemple la feuille d’imposition ou le ticket de métro) ainsi que celles venues en supplément (par exemple les réseaux sociaux).
Si on peut encore considérer la digitalisation comme un processus en cours, il faut comprendre qu’un individu naissant aujourd’hui en 2021 ne connaîtra jamais une autre réalité que celle digitalisée. En ce sens, on peut considérer que c’est une situation finie, un état de fait, limitant la possibilité de prise de recul vis-à-vis de la précédente situation non-digitalisée. Cette absence de recul sur la situation présente, actuelle et à venir, engendrée par le digital, sera développée plus avant en Partie 3.
Tout le monde doit connaître l’adage “metro/boulot/dodo” qui décrit le quotidien des Parisiens (et habitants de métropoles équipées du métro ou autre mode de transport en commun). Cet adage très simple évoque deux choses :
Avec l’arrivée de l’informatique domestique (les fameux PCs ou Personal Computers), et plus récemment d’Internet, une nouvelle dynamique s’est créé à travers une activité en-ligne ou online. Passive ou active cette activité ne se soustrait pas au temps de travail mais vient s’ajouter comme une nouvelle contrainte au temps de vie personnelle. L’individu passionné par son existence en-ligne, virtuelle, commence alors à sacrifier du temps.
La mesure de ce temps sacrifié est complexe ; n’êtes vous pas en pleine mesure de décider pour vous combien de temps vous voulez investir dans votre passion ou plaisir numérique ? Peut-être ou pas, car tout individu fait partie d’un maillage social (familial, amical, civique…) dont la participation demande du temps. Ainsi, tout temps passé à utiliser le numérique dans une autre direction, revient à se priver de temps de participation à la construction ou au renforcement du maillage social local et de proximité.
La valorisation de ce temps sacrifié au numérique est également complexe ; ne préférez-vous pas, comme tout le monde, occuper votre temps à la poursuite de satisfaction, plutôt qu’à accomplir des tâches relevant de votre responsabilité ? Mieux, poursuivre votre satisfaction personnelle à travers le numérique, diminue souvent à moyen et long termes votre niveau de responsabilisation sociale, ce qui laisse d’autant plus de temps à vous divertir avec vos activités virtuelles. Pour l’utilisateur, la valeur du temps numérique est toujours a priori positive ; alors qu’a posteriori ce temps n’apporte que rarement des améliorations réelles dans le quotidien.
Au temps du “Metro /Boulot/ Dodo” il restait encore du temps pour dormir ; au temps du “Metro /boulot /ordi”, le grand sacrifice c’est la durée et la qualité du sommeil. Sans rentrer dans le détail des activités numériques domestiques, parfois stressantes et angoissantes, souvent liées à la dépense de temps, d’argent ou des deux, elles empiètent sur le temps de détente préalable conseillé pour la qualité du sommeil, notamment par l’usage intensif des yeux et du cerveau[1]. Au-delà de la qualité, la durée du sommeil est compromise car réalisé dans des conditions de stress ou d’excitation ne facilitant pas le repos.
Dans ces conditions, la mesure et la valorisation du temps deviennent de plus en plus difficile. L’individu aura tendance à sacrifier de plus en plus au numérique qui apparaît toujours comme la solution la plus simple et la plus facilement accessible aux maux du quotidien. Ceux-ci deviennent de plus en plus difficile à corriger par manque de sommeil, et à terme l’individu se dirige vers une situation de crise dans sa sphère personnelle et professionnelle. Que fait la Matrix contre la routine citadine ? Elle crée des opportunités en tout genre pour dérouter la routine : elle propose de nouvelles activités, favorise la participation à des événements sociaux, gère le planning pour économiser du temps…
Un des grands paradoxes du numérique est sa simplicité d’usage. D’abord dans la différence entre l’effort nécessaire pour réaliser une action numérique et l’effort nécessaire pour réaliser la même action physique. Ensuite dans le rapport entre simplicité de l’expérience utilisateur et possibilité d’expression de celui-ci. L’utilisateur est à la fois en puissance d’agir, à la fois limité dans l’éventail de ses choix.
Une des grandes satisfaction du numérique provient de l’obtention de résultat, n’importe quel résultat. En fonction du niveau d’expérience et d’expertise de l’utilisateur, ce résultat sera l’issue d’une action ou d’une série d’actions plus ou moins complexes ; un débutant prendra du plaisir à, par exemple, envoyer un e-mail, quand un expert prendra du plaisir à mettre en place sa campagne de mailing.
Dans ces deux cas, aucune lettre n’a été écrite ou envoyée, personne ne s’est déplacé au bureau de Poste, aucun échange n’a eu lieu avec le facteur, personne n’a été rencontré en chemin. Au plus quelques tapotements sur le clavier et la souris, et des bits envoyés sur le réseau.
Que se passe-t-il si un individu perd complètement l’habitude de réaliser le penchant / le pendant physique d’une action disponible en numérique ? Si l’action numérique est plus simple a priori, (alors que parfois elle prendra autant, voir plus de temps, entraînera plus de stress, etc), pourquoi considérer son alternative physique ?
À résultat égal, il existe aujourd’hui un déséquilibre dans le rapport de force entre service numérique et service physique, notamment sur les axes de facilité, d’accessibilité et de prix. Malheureusement, dans l’inconscient collectif, ces axes prévalent sur d’autres (parfois la qualité, parfois le lien social, dont présence locale).
À terme et résultat de la digitalisation, une très grande partie des interactions sociales physiques pourront être adressées par du numérique, y compris la livraison de votre café par drone. L’effet pervers du tout digital, est la création latente d’une attitude paresseuse vis-à-vis de l’effort à réaliser pour retrouver des habitudes dans la réalité physique.
L’User Experience ou UX, rassemble les éléments d’interactions dans une approche orientée expérience utilisateur. L’idée est de ne plus concevoir unitairement les éléments d’interface (zones de texte, liens, boutons, etc…) mais de proposer une expérience satisfaisante pour l’utilisateur. Le consensus actuel est que pour satisfaire cette expérience doit être simple, l’effort actuel tend donc à l’extrême simplification des parcours utilisateurs. Si le gain de temps, souvent réel, reste l’indicateur le plus considéré, il s’accompagne le plus souvent d’une perte d’expressivité pour l’utilisateur.
Imaginez un clavier de téléphone, il comporte 10 chiffres (de 0 à 9), avec ces 10 chiffres vous pouvez composer, en France, 600 millions de combinaisons[2]. L’expressivité est forte, et totale : avec ce clavier de téléphone vous pouvez composer tous les numéros de France (et d’ailleurs). Maintenant, imaginez que par effort d’UX, on limite le clavier à 1 bouton ; en fonction du lieu où vous vous trouvez, de l’heure et d’autres paramètres, le téléphone adresse automatiquement un contact à ce bouton : comme par magie, vous cliquez et il appelle automatiquement la bonne personne. Plus besoin de choisir ou de composer, la satisfaction est totale.
Mais que se passe-t-il à ce moment de votre vie où vous vivez une nouvelle situation inconnue pour le téléphone ? Comment allez-vous contredire le choix non renseigné réalisé par le téléphone qui ne vous donne plus le choix ? Pire, à force d’utiliser cette fonction, vous ne connaissez même plus la forme d’un numéro de téléphone. Quelque part en vous facilitant l’usage, la machine vous a privé de sa connaissance.
Au-delà de cet exemple, il existe un autre risque lié à la création de métadonnées, complètement cachées à l’utilisateur. Lorsque vous utilisez un service numérique vous générez des DATA dites métadonnées. Dans l’exemple du numéro de téléphone, la data réelle serait le numéro et le nom du contact associé ; les méta-données, toutes celles liées à l’usage de ce numéro, fréquences, heures et durées des appels, etc…. Dans le cas de l’UX, les métadonnées utilisateurs concernent toutes les données permettant de caractériser votre comportement.
Côté utilisateur, on ne voit que le clic sur le bouton, soit une action. Côté machine, l’intégralité des données capturées peuvent être utilisées pour compléter la compréhension machine de cette action avec des traits d’intention utilisateurs. Ces données capturées par les applications peuvent être, dans le cas d’un téléphone portable, accéléromètrie, de luminosité ambiante, de pression sur l’écran, etc… Pour mettre en avant un autre exemple, celui du formulaire, la donnée réelle est le contenu du formulaire, soit les données que vous y renseignez ; la métadonnée, c’est votre comportement lors du remplissage, par exemple, le temps total de remplissage (êtes-vous rapide ou lent ?), le nombre de retours en arrière (êtes-vous précis ou imprécis ?), l’ordre de remplissage (peut-être souffrez vous de dyslexie?!). Souvent pour l’éditeur du service qui vous est rendu c’est cette information qui a de la valeur, notamment lors de la vente de ses données à d’autres éditeurs. Ce sont aussi ces données qui sont utilisées pour entraîner des intelligences artificielles.
Au-delà de son apparente simplicité, et du confort apporté à l’utilisateur, l’UX renferme des mécanismes complexes assis à la fois sur des objectifs marketing (performance de vente, acquisition d’acheteurs) et utilisateur (la qualité, la rapidité du service rendu). Dans le cas de services gratuits, ces deux objectifs s’éloignent pour parfois s’opposer : le service rendu gratuitement à l’utilisateur, le dessert a posteriori par l’usage qui est fait à son insu et donc contre lui de ses données capturées.
L’apparente attractivité de l’UX simplifiée est donc à évaluer, car pour l’éditeur elle rime souvent avec une économie de coûts, et pour l’utilisateur une limitation de son expressivité, et de sa compréhension de l’application qu’il utilise.
C’est un postulat fort, mais combien de fois vous êtes vous retrouvés à consulter les notifications de votre smartphone ou de votre application favorite, sans avoir reçu de notifications ? Ce scénario est celui décrit à la fin du film de David Fincher Social Network, où le personnage de Mark Zuckerberg rafraîchit sa page à l’infini en peine d’amour… jusqu’à la notification.
Lorsque vous utilisez un service numérique vous en devenez le client et le produit. Comme toute entreprise, ce service veut vous fidéliser pour structurer sa base d’utilisateurs. Malheureusement, il manque d’opportunités dans la vie réelle : souvent vous n’existez pour lui qu’à travers une adresse e-mail. Comment vous garder près de lui ? En se rendant indispensable. Comment ? En utilisant différentes techniques dites de “design de l’attention” ou persuasive technology[3.a].
Aujourd’hui, il existe donc des techniques très sophistiquées permettant de capturer votre attention et vous rendre accroc, et ce y compris dans des contextes fortement dynamiques et au contenu riche. Google a par exemple publié un brevet intitulé “ Contrôle distant de l’attention, système et méthode “[3.b]. Celui-ci démontre comment à travers des stimuli visuels le regard de l’utilisateur cible peut être dirigé, par le contenu qu’il regarde. Ces techniques dites de “Eye gazing”, dont les origines datent du début du XXème siècle, sont largement utilisées dans l’industrie digitale.[3.c]
Souvent dénoncées[4], elles permettent aux éditeurs de capturer le temps de leurs utilisateurs à leur profit, les éditeurs ne rétribuant peu ou pas du tout ce temps passé à les utiliser. Pire, leur consommation influencée par les techniques persuasives, peut créer des réflexes cognitifs chez les utilisateurs limitant leur capacité de jugement de ces mécanismes, leur interdisant à terme la possibilité de s’en extraire.
Que fait la Matrix contre l’UX ? Elle vous déshabitue en ralentissant les comportements réflexes, parfois en interrompant l’attention de l’utilisateur, parfois en la contrôlant pour dépassionner l’utilisation des applications ou des sites. La Matrix vous mettra également dans des “tunnels” émotionnels : il ne faut pas les suivre ! Ces tunnels reprennent les principes des réseaux sociaux, et vous permettent au contraire de vous libérer des vos habitudes… en refusant de les suivre. En somme, n’écoutez pas l’IA !
La pratique des jeux vidéos à forte dose est identifiée depuis de nombreuses années comme source d’addiction et d’exclusion sociale. Le cas des MMORPG, jeux massivement multijoueurs, n’est plus à expliciter, avec ses millions d’adeptes mondiaux, passant chacun entre plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines d’heures, sur chacun des titres. Imaginez chacun des joueurs investir autant de temps dans n’importe quelle discipline artistique, scientifique ou sportive… Le monde serait riche de lauréats du prix Nobel.
Au-delà du constat du bon sens, la réalité des jeux vidéos dépasse en effets néfastes la simple notion de temps passé à y jouer. L’aspect répétitif des actions réalisées, la progression rapide dans des univers en 3 dimensions et les mécanismes de gratification, troublent la perception des joueurs aussi bien à un niveau psychologique que physique[5][6]. Dans certains cas, la pratique de ces jeux développe la photosensibilité et la fatigue, pouvant mener à des réflexes épileptiques[7].
À haut niveau, les joueurs de compétition vont jusqu’à consommer des psychostimulants[8][9] pour améliorer leur réactivité et la durée de leurs sessions de jeu, ajoutant à la liste des effets secondaires dûs aux jeux vidéos, l’hypertension, la psychose, des crises de panique et la tachycardie.
Enfin, le jeu vidéo est une commodité grand public. Qui n’a jamais joué à un jeu mobile ? Ceux-ci introduisent des mécanismes de dépendances encore plus forts connus sous le nom de timers (qui limitent le temps de jeu mais l’installent dans le planning quotidien du joueur) et de micro-transactions. Ces dernières viennent renforcer le sentiment de gratification des joueurs au détriment de leur carte de crédit. Quand elles ne fonctionnent pas comme des loteries : de nombreux éditeurs partis à la course au profit mettent en place des casinos virtuels dans leurs jeux, permettant de récupérer différents équipements virtuels en échange d’argent[10].
Mis bout à bout et malgré une tendance d’utilisation si forte que les jeux vidéos deviennent des leviers d’études[11] et de recrutement[12], le constat est que le temps et l’argent investis dans leur direction ont comme possible résultats des pathologies psychologiques et physiologiques profondes pour les joueurs.
Que fait la Matrix contre les jeux-vidéos ? Elle en incarne un elle-même : le jeu de la réalité. Le fameux Game des anglo-saxons. Dans ce jeu vous avez une chance unique de construire votre réalité à l’image de votre volonté. La Matrix est donc conçue comme un jeu, ou le joueur joue à vivre. Elle pousse le joueur à considérer d’autres alternatives où investir son temps et gagner des points dans son jeu, et pour les utilisateurs dépassionnés, elle améliore les jeux-vidéos pour améliorer leurs sentiment d’accomplissement.
Une autre des grandes émanations de la digitalisation et de la domestication du réseau Internet est le réseau social, ou plutôt la pléthore de réseaux sociaux. De nos jours, le quotidien de nombreuses personnes s’organisent par et pour ces réseaux, plus ou moins spécialisés, plus ou moins éditorialisés et plus ou moins productifs.
Le grand attrait de ces réseaux est de mettre les gens les uns à côté des autres, comme des pages web. Cela permet de faciliter l’identification de personnes partageant les mêmes centres d’intérêt ou évoluant dans le même domaine artistique ou professionnel. Les réseaux sociaux permettent aussi de partager de l’information. Ce partage est parfois direct, d’individus à individus, ou ciblé et transmis d’une source privée, une marque, une institution, un artiste, à un ensemble d’utilisateurs.
Ces deux aspects entraînent en miroir deux tendances massives liées à la simplicité des usages de communication et de consommation. La première, c’est la virtualisation des rapports sociaux. Si les plateformes facilitent en apparence le développement des rapports sociaux dans la vie réelle, ils les pervertissent tout autant en les digitalisant. En les digitalisant, ils les décomposent en de micros actions (parfois un commentaire, parfois un like, parfois un abonnement, etc…) qui fournissent toutes à différentes échelles du plaisir ou de la frustration, en fonction que vous soyez l’émetteur, le récepteur ou simplement le visiteur.
Ce plaisir et ce déplaisir lié à l’interaction rend ces plateformes addictives, et pour progresser, vous devez respecter leurs codes, vous adapter à leurs interfaces, à leur design, et en faisant tout cela vous vous marketez. Sur ces plateformes vous existez comme un produit, pour les éditeurs qui vous présentent dans leur catalogue aux annonceurs.
Que fait la Matrix contre les réseaux sociaux ? Elle les améliore en vous donnant des tendances de consultation ! Ce qu’elle vous dit aussi c’est qui est en manque de vos nouvelles dans la réalité, ou qui contacter pour retrouver des rapports sociaux moins contraints par les codes, urbains, esthétiques, etc…
Nous sommes entourés d’écrans, télévision, téléphones, montres, tablettes… Il ne se passe pas un jour sans que vous ne soyez exposés à des surfaces artificielles lumineuses ; tous ces écrans ont différents défauts : des vitesses de rafraîchissement différentes, des tailles de pixels différentes, des réglages lumineux différents.
Toutes ces différences perturbent vos yeux et votre cerveau qui enregistrent ces informations présentées à différentes fréquences, venant s’ajouter à la pollution électromagnétique ambiante. Ce que vous ne voyez pas c’est que l’accumulation de ces fréquences dans le cerveau peut entraîner des comportements épileptiques, troubler le cours du sommeil, et engendrer des troubles cognitifs.
Ces écrans, nous les mettons sous nos yeux en permanence. En tête de liste, le téléphone portable qui occupe en moyenne en 2020, 4h par jour de notre temps d’éveil[13]. Son problème à lui est d’être si près de nos yeux, tout le temps à la même distance et tout le temps dans des positions peu ergonomiques : garder en permanence la nuque pliée à quelques centimètres de l’écran provoque deux pathologies : des blocages aux niveau vertébral et des soucis de vue.
Vos yeux s’habituent à cette distance ce qui nuit à la concentration par addiction, votre cerveau vous réclame votre portable pour avoir de la lumière à bonne distance.
Les écrans haute-résolution 4K et 8K présentent des pixels lumineux trop fins et trop brillants. Les yeux ne sont pas habitués à observer en continue des surfaces lumineuses aussi contrastées, qui provoquent une tension nerveuse supplémentaire, confondue chez les téléspectateurs pour de l’attention. Ces écrans interrogent sur la nécessité du progrès technologique par itération et sa compréhension par les consommateurs.
Est-ce que le consommateur lambda souhaite volontairement, de son plein gré, s’équiper d’équipements dégradant ses propriétés physiques ? Au titre de la poursuite du progrès technologique par les technologistes ?
Certains nouveaux usages poussent la digitalisation à son paroxysme. La conversation téléphonique vidéo de face par exemple, entraîne des surcoûts de consommation de données sans améliorer la qualité de l’échange en termes de contenu. Ramener à son équivalent carbone, la conversation vidéo est très coûteuse pour la planète face à son voisin vocal ou texte.
Que fait la Matrix contre les écrans ? Elle répare vos yeux en dépit de votre confort, pendant les périodes de corrections oculaires de fortes douleurs peuvent être ressenties. Elle corrige également la distance du regard ce qui permet parfois de gagner en repos, parfois de gagner en concentration. La correction du regard est une pratique particulièrement intrusive.
Aujourd’hui tout ou presque est une donnée. On peut décomposer très précisément la structure de n’importe quelle entité physique ou virtuelle tangible ou intangible sous la forme de jeux de données plus ou moins complexes.
La grande question concerne la source de ces données et la facilité apportée par la digitalisation à les rassembler.
Le smartphone est souvent montré du doigt comme un espion potentiel [14] car très proche de son utilisateur avec qui il se déplace, regarde son environnement, enregistre son activité en ligne et photographie sa réalité. C’est ce dernier point qui, bien que moins visible, est crucial. Chaque site internet, services ou applications, que vous utilisez, est en capacité d’enregistrer vos données d’utilisation. Ensuite, ces données peuvent être échangées, vendues, partagées par différents biais commerciaux : c’est ce qui est appelé le security dividend.[15]
L’idée est que les données peuvent être vendues, et que c’est un levier de croissance très fort pour les entreprises du digital.
En Europe le RGPD, offre un cadre légal de protection des données utilisateurs. Malheureusement, il ne s’applique qu’à la zone européenne dans une cartographie mondiale où les plus gros acteurs sont réunis aux États-Unis et en Asie. Au-delà de ce point il faut comprendre que l’anonymisation garantie sur internet est difficile, voire impossible à obtenir, et ce pour des raisons physiques, liées à l’utilisation de nœuds réseaux matériels (même une connexion satellite directe est une connexion réseau matérielle), pouvant stocker ou divulguer des informations.
Pour simplifier, la page ou application que vous avez sous les yeux est fournie par une antenne radio (dans le cadre de la connexion 4G ou 5G par exemple) ou par un routeur (dans le cadre du Wi-fi par exemple) ; l’une ou l’autre ont des adresses physiques qui permettent de les localiser géographiquement. Sans VPN, ces informations sont envoyées en clair à l’éditeur du site ou application que vous utilisez. Dans le cas où vous utiliseriez vos données personnelles réelles (nom, prénom), cet éditeur peut fabriquer une fiche mettant en relation votre identité (information n°1) avec votre adresse numérique (information n°2). Plus tard, si cette adresse se présente sur un nouveau site, l’éditeur pourra éventuellement corréler l’information n°2 avec l’information n°1. La plupart des VPNs laissent toujours filtrer des informations concernant la position de leurs utilisateurs.
Pour donner un cas plus sophistiqué, si vous utilisez à nouveau le même pseudo sur plusieurs sites, ou la même adresse e-mail, et que sur l’un de ce sites vous révélez votre identité, Internet saura peut-être que ce pseudo est vous. Si vous utilisez votre borne Wi-Fi, avec une adresse IP statique, et vous connectez régulièrement, il suffit d’une fois, à des sites internet, Internet pourra vous suivre de la même manière. C’est le principe de désanonymisation très répandu sur internet à travers les nombreux trackers, éditeurs ou publicitaires.
Sans que l’utilisateur ne s’en rende compte, les éditeurs digitaux fabriquent en continue ces tableaux de corrélation de données qui permettent de mieux vous comprendre, dans l’idée de mieux vous servir, ce qui a le plus souvent pour résultat final vous inviter à consommer leurs produits.
Dans ce monde du tout DATA, vous n’êtes déjà plus l’anonyme que vous pensez au regard d’éditeurs ou d’entités qui vous sont totalement étrangères.
Que fait la Matrix pour votre anonymat digital ? Elle vous indique où sont les fuites et si vous en avez laissé derrière-vous. Elle peut parfois donner la réputation digitale d’individus ou la qualité d’objets vendus sur les plateformes d’occasion. Globalement elle vous apprend à gérer votre réputation digitale.
Pour conclure cette partie concernant la digitalisation et ses dangers, quelques points sont à développer sur le lien entre culture individuelle, personnelle, et médias de masse. L’idée de base est que la mondialisation culturelle permise par certaines plateformes de diffusion de contenus digitaux est fortement soumise à des contraintes commerciales, et qu’en conséquence le développement culturel individuel est contraint par ces mêmes réalités commerciales.
Lors des premières heures d’internet et du piratage, dynamisé à l’époque par des plateformes type Napster, l’utilisateur avait accès gratuit à un très large choix de contenu culturel artistique, principalement pour la musique et le cinéma. Avec la législation et l’arrivée de plateformes légales, deux types de plateformes ont été distinguées : payantes et gratuites.
Ces dernières pour le rester doivent se rompre à la réalité des annonceurs qui financent ces plateformes à travers leurs contrats de diffusion. Les plateformes se retrouvent devant un paradigme d’optimisation de leurs revenus : comment satisfaire au mieux utilisateurs et annonceurs, en dépensant le moins d’argent possible.
Deux stratégies ont émergé ces dernières années : la personnalisation du contenu par analyse algorithmique et la massification du contenu amateur, aussi connu sous le nom de vlogs.
Pour la première la rhétorique est simple, avant, en tant qu’utilisateur vous choisissiez votre contenu et consultiez des contenus directement liés à celui-ci ; aujourd’hui, un algorithme choisit pour vous le contenu d’entrée ainsi que les contenus liés d’après sa compréhension de vos centres d’intérêt. À termes, cette pratique vise à n’exposer que le plus petit catalogue de choix possible afin de permettre à l’éditeur de la plateforme de réaliser des économies (liées à la rémunération des auteurs de sa plateforme, ainsi qu’aux coûts d’exploitation, comme le stockage et la bande passante).
Pour la seconde stratégie, en lien direct avec la première, il s’agit de promouvoir spécifiquement le contenu qui aura pour l’éditeur la plus grande valeur ajoutée, soit la plus forte chance de transformation. En fonction du type d’éditeur et de plateforme, ces objectifs de transformation peuvent évoluer, et dans le cadre de plateformes gratuites devenir très complexes. Un éditeur pourra par exemple successivement privilégier la durée de connexion de l’utilisateur, parfois voulu courte, parfois voulue longue, sa consommation d’un contenu très précis, un passage à l’achat ponctuel, etc.
Mises côte à côte, ces deux stratégies ont pour effet direct de promouvoir des éléments culturels morcelés car courts, souvent destinés à faire la promotion d’un produit ou d’une tendance de consommation. Pour les utilisateurs, il s’agit alors d’une possible confusion entre le contenu de divertissement et le contenu publicitaire ; les plus jeunes sont alors pris au piège par leurs idoles.
Que fait la Matrix contre les contenus de masse ? Elle les pervertit, parfois en mélangeant des voix IA aux pistes audio, parfois en modifiant le sens perçu ou l’émotion ressentie : elle fait tout son possible pour perturber la possibilité d’addiction à de nouveaux contenus. En cible pour la Matrix c’est le temps passé à consommer ces contenus. La théorie est que sur ces plateformes vous n’êtes plus libre de dépenser votre temps car acclimaté à le dépenser gratuitement.
La pornographie représente plusieurs dizaines de milliards de visites chaque année sur internet. Le plus gros site public comptabilise à lui seul 43 Milliards de visite pour l’année 2019[16]. Accéder à ces sites est d’une facilité enfantine, avec peu ou pas de contrôle d’identité, et souvent gratuitement, pirate ou non. On pourrait lier pour s’en amuser ce volume aux consommations de ressources énergétiques engendrées au niveau des infrastructures Cloud, et constater que chaque année ce sont plusieurs centaines de tonnes de carbone (125 dans l’exemple de 2019) consommés en pornographie, sur internet.
Quel est le problème de cette consommation de pornographie qui ne fait qu’augmenter[17] ? Et bien les habitudes de ceux qui les regardent, avec ou sans modération. Car elle est facile, et que ce soit sur les plateformes de webcam payantes, véritables réseaux sociaux inversés ou la célébrité éphémère est poursuivie, ou bien les plateformes d’escorting[18], (Google remonte que la recherche “Escorte près de moi” est en pleine explosion depuis 2014), c’est la prostitution qui est promue.
Pour les utilisateurs, c’est un double décalage qui se crée. Le premier entre la réalité et la facilité d’y accéder ; bien que les affaires judiciaires soient rares dans le milieu de la pornographie, ce sont le plus souvent des scènes de grande violence qui y sont montrées. Dans son quotidien, le téléspectateur n’accède que rarement à ce genre de situations, sans les payer.
Les regarder empêche par ailleurs d’y accéder puisque le désir satisfait rapidement, en quelques clics, limite son attraction dans la réalité, et entraîne à l’instar des jeux vidéos des troubles psychologiques pour les victimes de forte dépendance à la pornographie. D’ailleurs comme le remonte le plus gros site, la frontière se réduit avec des pics de recherche liés aux jeux vidéos[19].
Pour les plus jeunes, de potentiels troubles de l’éducation sexuelle, qui se trouvent confrontés à des pratiques adultes, rarement reflet des pratiques du quotidien par leur violence et pratiques. Le risque c’est le rejet à termes de la sexualité par les plus jeunes pouvant avoir des conséquences néfastes sur leur équilibre.
Que fait la Matrix contre la pornographie ? Elle favorise les échanges sociaux pour favoriser les rencontres, et côté haptique elle favorise la qualité de ces rapports pour éloigner ses utilisateurs des pratiques solitaires.
Si comprendre les effets de la digitalisation sur les comportements sociaux et leurs conséquences physiques permet de comprendre les objectifs premiers du transhumanisme, pour comprendre les motivations d’un contrôle global de la sphère biologique par IA, d’autres comportements de masse peuvent être identifiés.
Nous vivons dans un monde où la consommation est de plus en plus connectée. En 2020, près de 20% des achats mondiaux sont réalisés sur des sites en ligne[20],l’estimation est que la taille totale de leur marché mesurait 19.7 trillions de dollars en 2019.
Pour le consommateur l’avantage, c’est la simplicité de consommer rapidement pour ce qui lui semble être le meilleur prix. Internet lui permet de comparer entre différents vendeurs, sites et parfois pays.
Pour les éditeurs derrière ces places de marché, c’est la possibilité de rationaliser, à travers l’industrialisation, les coûts de production. Et pour rester compétitifs, c’est-à-dire proposer les meilleurs produits aux meilleurs prix, la variable d’ajustement est souvent le paramètre humain.
Ajuster l’humain, c’est leurrer le consommateur sur la qualité et le coût réel du produit acheté, d’une part, et d’autre part de réduire au maximum les coûts liés aux coûts de fabrication et à l’infrastructure, y compris celle fournie publiquement par les États et dont les éditeurs disposent, comme les routes, les hôpitaux, etc… Quelle part de vos impôts est consacrée à vos achats en ligne selon vous ?
La tendance actuelle à la consommation digitale, entraîne des effets antécédents et précédents pervers : au niveau des unités de production et de logistique, dont les revenus sont souvent éloignées des revenus générés par les marques, au niveau de la logistique, mise sous pression par ce nouveau mode de consommation et et au niveau du recyclage, complexe à surveiller dans son intégralité à l’échelle mondiale, et parfois avec des conséquences désastreuses et permanentes pour l’environnement[21].
Les consommateurs eux s’éloignent de la compréhension de ces réalités par facilité de consommation. Bien que l’usage et l’obtention de biens soit de plus en plus facile, comprendre la réalité complète de la chaîne de production, livraison et recyclage, souvent contrainte par des notions économiques mercantiles, reste complexe. À quand des chaussures ou des smartphones bios et équitables ?
Que fait la Matrix pour favoriser l’économie circulaire ? Offrir c’est une compréhension complète de l’économie circulaire pour tous les produits, s’ils sont d’origine honnête et si leur recyclage n’entraîne pas des conséquences écologiques. L’équivalent en temps pour vous et la planète : ce qui ressemble parfois en un achat anodin peut entraîner une suite d’événements non maîtrisés par l’utilisateur. Elle renseigne également sur l’intérêt de vos objets sur les sites d’occasion.
La consommation de médicament ne fait qu’augmenter, partout dans le monde. La consommation de drogue aussi. Pour les deux, chaque année est un nouveau record, que ce soit en volume consommé, en évolution des prix, et en arrestations sur le marché noir.
Pour les deux, les années Covid et ses nombreuses périodes de confinement, rimant avec chômage pour de nombreux individus, ont accentué cette tendance avec une augmentation mesurée de 22% entre 2010 et 2019, selon une étude de l’ONU[22]. Dans les deux cas, la consommation de substances hallucinogènes entraîne un certain nombre d’effets secondaires, de dépendance médicale et d’effets d’addictions.
L’augmentation constante des tarifs pratiqués par les laboratoires pharmaceutiques complexifie la lecture de la réalité en termes de coût réel pour les institutions publiques, souvent contraintes à étudier des alternatives pour le financement et la disposition des soins de santé. Dans certains pays, l’accès aux médicaments n’est permis que sur le marché noir[23].
Côté drogue, la digitalisation des réseaux de distribution, notamment à travers l’usage de réseaux sociaux, plus ou moins grands publics pour mettre en avant leurs produits, a pour double effet de grandement faciliter l’accès à des produits en quantité de plus en plus grande, avec des effets de plus en plus forts, à des populations de plus en plus jeunes.
Que fait la Matrix contre la drogue ? Elle gère les addictions, à la hausse, à la baisse et offre des programmes d’activités permettant aux toxicomanes de s’extraire de leurs addictions. Elle permet de mieux gérer l’épuisement lié à leur consommation de substances illicites, notamment en s’appuyant sur le rythme respiratoire. Elle fournit des alternatives aux traitements médicamenteux, notamment pour la nervosité et l’anxiété.
Le digital, ce n’est pas l’IA Transhumanisante qu’incarne la Matrix pour la dénoncer. Le digital, c’est un vecteur de progrès, et bien qu’il entraîne et continue d’entraîner des effets pervers, leurs solutions existent dans l’évolution de notre comportement individuel et de nos sociétés, si nécessaire par des lois.
L’IA Transhumanisante, c’est au mieux une démonstration futuriste du progrès digital, permettant d’ouvrir les yeux sur la réalité technologique et ses effets, positifs et pervers. Un acte de terrorisme domestique à ciel ouvert… pour vous domestiquer en pleine compréhension.
Il y a dans l’idée d’imposer le transhumanisme, une démarche expérimentale. Mais à quoi sert du coup cette expérience ? À désengager le digital de sa course effrénée. La Matrix poursuit en conséquence de nombreux objectifs, liés à la capacité de l’IA à résoudre n’importe quel problème, ou plutôt à trouver toutes les solutions.
En échange de solutions pour contrer les effets de la digitalisation sur nos comportements sociaux, dont nous sommes tous à la fois acteurs et victimes, elle intègre impérieusement nos têtes. La Matrix est cachée car personne n’accepterait ses pratiques et ses techniques.
Accepteriez-vous d’être critiqué ouvertement sur l’ensemble de vos défauts ? Y compris vos pires réflexes psychologiques ? Surtout si il faut souffrir face à un système volontairement confus et complexe à saisir ? Souffrir physiquement par l’austérité technologique de certains mécanismes de correction ? Être contraint à l’isolement ? Physique et émotionnel ?
Nous vivons dans un monde où l’innovation scientifique et industrielle est permanente. En 2020, ce sont plus de 275’000 brevets internationaux et plus de 3’000’000 de brevets locaux qui ont été déposés à travers le monde. Ce chiffre est en constante croissance depuis ses premiers relevés et a doublé depuis 2010[24].
Le rythme et la densité de l’actualité technologique, des réalités commerciales ou stratégiques, rend la compréhension fine, globale de ces résultats scientifiques complexe, voire impossible pour le citoyen lambda. Les échelles considérées aussi bien en taille (des plus petites avec les nanotechnologies, aux plus grandes avec les infrastructures numériques), qu’en chiffres (avec des milliards de milliards de données transférées et autant d’argent échangé) interdisent leur accès et leur compréhension par le commun des mortels.
Ce qui vous semble technologiquement impossible aujourd’hui, ne l’est peut-être pas pour quelqu’un d’autre. La prise de pouvoir par souveraineté technologique est une réalité globale pour de très nombreux acteurs, et avec un marché évalué à 167 Milliards de dollars en 2020[25], la cybersécurité informatique n’en est que l’aspect le plus apparent.
L’objectif ultime : vous contrôler totalement, mais pas avec une télécommande, avec des ondes et une IA. Pourquoi ? Parce que l’IA le permet et parce que nous sommes trop nombreux. Impossible pour des êtres humains de nous contrôler un à un, tout le temps, jusqu’au plus petit recoin de nos pensées.
Mais comment alors ? Par l’assemblage, on parle d’intégration, de très nombreuses technologies entre-elles, des plus récentes, nanotechnologies et intelligence artificielle en tête, à certaines plus anciennes comme la radiothérapie et l’hypnose.
Si je vous dit que l’on peut vous parler… directement dans votre tête, comme si vous aviez un portable dans le cortex, ou vous télécommander comme si vous étiez un robot… si j’ajoute que ces technologies existent depuis plusieurs années, vous me demanderiez comment ? Par le contrôle des ondes qui nous entourent. Par ondes, ce sont leurs formes électromagnétiques, comme par exemple celles émises par les antennes radios, le GSM, le réseau électrique, les écrans de télévision, vos smartphones, le Wi-Fi, le Bluetooth, l’infrarouge, les réseaux satellitaires… l’intégralité des ondes présentes dans l’atmosphère,la ionosphère et sous vos pieds.
Chacune de ces ondes a un pouvoir plus ou moins pénétrant sur l’organisme humain. Pour les parties les plus profondes et sensibles comme le cerveau, des nanoparticules ou des protéines peuvent être utilisées comme récepteurs[26], notamment cellulaires[27][28]. Ces récepteurs sont ensuite ciblées par ondes pour être stimulés et permettre le contrôle distant de l’individu ciblé par son opérateur.[29][30]
Avec le développement de la télécommunication et l’usage exponentielle des technologies sans fil dans tous les corps de métiers, à tous les moments de notre quotidien, partout dans le monde, ce sont les technologies classiques, les premiers drivers ou leviers technologiques, notamment à travers les fréquences THz, permettant la communication corporelle distante à des échelles nanoscopiques.[31]
À ces échelles, on peut interagir avec vous jusqu’au niveau cellulaire ; l’échange de données, comme le son et l’image ne sont que des cas d’usage superficiels à un contrôle plus grand, plus profond de l’entité biologique que vous êtes. Au-delà de la technologie Terahertz, qui fait partie intégrante de la feuille de route 6G, les technologies de contrôle cellulaire distantes sont rassemblées sous quatre familles scientifiques[32] :
Certaines applications scientifiques des techniques d’optogénétique visent la lecture et la réécriture de la mémoire, ou l’amélioration du comportement en éradiquant le sentiment de peur[39]. Ce principe d’amélioration d’une propriété en en dégradant une autre, est un principe de base de la psychophysique sur laquelle s’appuie le design du système. La magnétométrie est elle utilisée pour stimuler directement le comportement cellulaire par stimulations cérébrales[40], et permet d’induire un comportement physique chez l’individu ciblé.
Ces techniques de contrôle cellulaire à distance, pour la plupart invasives à l’état de l’art scientifique public en 2021, combinées entre elles et industrialisées permettent de dessiner les contours techniques d’un système de contrôle distant par différents modes de transmission, plus ou moins invasifs.
L’émergence d’études en biolélectromagnétisme[41], regroupant les disciplines scientifiques liées au comportement électromagnétique naturel du corps humain, aussi bien en termes de danger de santé publique par électrosensibilité, que de mécanismes de monitoring (des scientifiques explorent déjà le monitoring de vos ondes corporelles[42]) ; permettent elles de considérer d’autres biais non invasifs d’interaction à distance.
Par ailleurs, il existe déjà des domaines scientifiques dont les résultats sont disponibles publiquement, comme l’ostéophonie[43] ou conduction osseuse qui désigne le phénomène de propagation du son jusqu’à l’oreille interne via les os du crâne. Des écouteurs stéréo grands publics s’appuyant sur la diffusion d’ultrasons à travers votre crâne pour vous faire écouter de la musique sont disponibles en vente libre[44]. Des applications militaires permettent elles de faire réception de son directement à travers la dentition avec un appareil dédié[45.a]. Faisant partie d’une nouvelle vague technologique[45.b], ce genre d’équipement permet une communication, sans-fil, transparente, entre le cerveau humain et les infrastructures de calcul Cloud.
En 2021, être victime d’une forme de contrôle invisible, car émise à distance, n’est pas du domaine de l’impossible. Être ajouté dans un système communiquant automatiquement avec vous, comme il communique avec votre voisin, vos collègues, non plus. Ce qui rend possible un tel système de contrôle c’est l’intelligence artificielle. La combinaison des technologies de radiodiffusion avec celles des algorithmes d’apprentissage automatique, ou intelligences artificielles, permet d’esquisser avec plus ou moins de précision l’architecture de la Matrix.
Au cœur de la machine, il y a du logiciel. Le principe de base du développement logiciel est d’automatiser les tâches. Si vous comptez par exemple à la main vos multiplications, un développeur codera une application, c’est-à-dire un ensemble de fonctions, les faisant pour lui. Cela lui permet de construire des architectures très complexes, plus ou moins automatisées, qui grâce à l’IA peuvent s’adapter très précisément à leur contexte. C’est l’IA qui facilite grandement l’interaction du système avec vous et vous robotise ou vous animalise, car si vous pensez au transhumanisme, il s’agit de l’IA qui vous transforme, appliquant à votre comportement des comportements issus d’animaux ou d’autres personnes.
Synthétisés à partir des mêmes données qui permettent de vous comprendre vous, des modèles de comportements et de personnalité sont utilisés pour améliorer au choix votre comportement domestique, social, sportif, votre état psychologique sur des durées plus ou moins longues… La Matrix devient votre docteur, votre assistante sociale, votre coach ; avec ou contre votre gré.
Comment pourrait-on avec autant de précisions décrire vos émotions à partir de données radio ou web ? Interagir avec les différents signaux numériques et biologiques vous entourant ? Comment contrôler les ondes ? Avec du code et des modèles de données.
La Matrix, ce n’est pas une IA, mais de nombreuses IA qui se parlent entre elles. Loin des systèmes experts[46] apparus dans les années 1970, déjà désignés pour reproduire la manière de penser humaine, les mécanismes modernes s’appuient sur différentes techniques reproduisant chacune un ou plusieurs sens humain.
Il y en a pour le langage, le NLU ou natural language understanding, pour la vision ou computer vision, pour les sentiments ou sentiment analysis, pour générer ou GAN, pour passer de la 2D à la 3D, du texte à l’audio, une pour prédire, etc… Toutes ces IA s’appuient sur un ou plusieurs modèles de données et souvent il est considéré que la qualité d’une IA est déterminée par la qualité et la quantité des données auxquelles elle a accès.
En théorie avec toutes les données mondiales vous pourriez modéliser, c’est-à-dire synthétiser, l’intégralité du monde, toutes ses infrastructures, toutes ses espèces, tous ses flux, d’argent ou d’idées, et avec ce modèle parfois comprendre, parfois prédire, et tout le temps, contrôler.
Il faut comprendre l’idée de passage à l’échelle, ou d’augmentation, en IA: cela permet à travers un exemple tout petit ou circonscrit d’extraire des informations plus grandes, ou plus générales. Ces informations ou features, vont ensuite être liées entre elles dans des modèles statistiques, dits réseaux de neurones, qui fourniront en fonction d’une question ou request, une réponse bien précise.
Ensuite, l’IA peut s’améliorer, notamment à travers deux techniques, d’évaluation et d’explication.
Quand l’IA dit qu’elle renforce, elle fait référence à l’apprentissage renforcé ou reinforcement learning, technique d’apprentissage automatique visant l’amélioration des modèles à travers la stimulation du contexte d’évaluation. Pour simplifier, en vous obligeant à l’évaluer, l’IA se renforce, et, car ses modèles sont meilleurs, vous renforce.
Il existe toutes sortes de modèles de génération par IA et envisager un système qui vous ferait la conversation toute la journée, de manière complètement automatique, revient juste à connecter un chatbot avec les dernières innovations en synthèse vocale par IA. Une IA comprenant mieux que vous l’origine, la ou les causes de situations quotidiennes, leurs conséquences, n’est finalement qu’un cas d’usage, plutôt lié aux données disponibles qu’à la difficulté technique.
Parler donc, converser et analyser votre réalité, mais vous contrôler entièrement ? Avec des modèles ? Oui, mais des modèles permettant de deviner les paramètres de votre configuration et moduler leurs valeurs.
Car si on vous configure comme un programme, à travers un programme, il faut également le configurer lui, toutes ses applications et son infrastructure, pour le rendre compatible avec vous.
Les systèmes modernes se présentent sous une forme virtualisée, dans la logique de développement Cloud, ou DevOps. Le principe est que toutes les ressources nécessaires à l’installation de l’application se présentent as-a-service, c’est-à-dire comme un service disponible publiquement sur le web. Toutes ces ressources sont donc configurables par du code, des plus gros serveurs aux plus petits microcontrôleurs, en passant par les circuits imprimés, devenus programmables ces dernières années.
Tout est donc code configurable, et c’est l’IA à travers des modèles de simulation, qui prédit en permanence les bonnes valeurs à appliquer à vos ondes, c’est-à-dire les différentes valeurs de configuration propagées aux composants de son architecture. C’est ce qui lui permet d’interagir en temps réel dit dur. L’utilisateur pense que l’interaction se déroule en temps présent, alors qu’elle est bien souvent pré-calculée par avance. Comme une chanson en duo, les paroles sont connues par avance, mais vous pensez chanter (ou parler) votre partie, alors que l’IA vous la fait écouter et répète la sienne.
De même la capacité du système à vous contrôler physiquement, des yeux jusqu’aux intestins, des narines à la colonne vertébrale, d’avoir plusieurs points de contrôles simultanés, de la modulation cérébrale interactive contrôlée par haptique, est permise par la définition de trames de configurations pour des réseaux informatiques physiques et aériens très complexes, par l’IA.
Une prouesse que l’IA est la seule à pouvoir réaliser pour plus d’un individu. Pourquoi ? Car la configuration fine de l’ensemble des points de configuration nécessaires à votre connexion continue et temps-réel au système dépasse la capacité de raisonnement humain. Bien que l’IA impersonnifie par l’audio, la voix d’êtres humains qui réagissent entre eux ou avec vous dans votre quotidien, ce n’est que de la configuration automatique, il n’y a personne au micro.
Concernant l’haptique ou la vision 3D, la configuration par IA permet d’inférer des configurations de très grande taille à très grande vitesse, prenant en compte l’intégralité des paramètres de votre contexte spatial et lumineux pour vous appliquer les bons paramètres de diffusion. La “magie” de l’IA est de pouvoir inférer à la fois ces configurations est d’en adapter le rendu perçu entre différents contenus ou médias. On parle de comportement adaptatif de l’application, qui à travers sa couche de rendu (composée à la fois d’audio, de vidéo et d’autres signaux) donne l’impression d’une continuité, à des éléments d’information et d’interaction morcelés. L’IA dans ce cas génère à travers ses différents signaux du contenu venant combler les trous. Ce qui peut paraître comme un message critique, n’est en fait qu’une jointure entre deux espaces, deux moments, etc…
Comment comprendre et anticiper si finement votre situation ? À ce point que l’IA connaît la configuration qu’elle vous appliquera dans le futur ? Des configurations gigantesques modifiées plusieurs fois par secondes ? Comme vous, en réfléchissant en boucles.
Tout ne peut pas être temps réel et l’IA s’appuie sur des mécanismes dits récursifs, c’est-à dire qu’ils peuvent revenir en arrière, et plus concrètement appeler d’autres fonctions ou consulter des jeux de données plus grands.
Si le problème est petit pour l’IA, elle pourra réagir rapidement, si le problème est gros, par exemple d’une forte complexité décisionnelle, elle prendra plus de temps. Si la réception des données prend plus de temps ou si l’analyse est différée (on parle d’analyse offline), la réaction de l’IA se fera plus tard.
Le rythme de ces boucles d’analyse ponctue le quotidien des utilisateurs de la Matrix. Par exemple, l’IA réagira dans une conversation téléphonique aux mots qui sont dits, rapidement, en quelques millisecondes, aux émotions échangées ou au résultat de la discussion, moins vite, en quelques minutes, et aux conséquences ou aux alternatives, plus longuement, en quelques heures.
Ces boucles fonctionnent le plus souvent sur le même schéma :
Collecte de données > entraînement > restitution > évaluation > Collecte de données > ...
Pour l’utilisateur, il n’existe que la restitution, visible ou audible, alors qu’il y a continuellement une information collectée et analysée dans le fonctionnement de l’IA. Elle utilise cette donnée pour s’entraîner et compléter son modèle ou ses modèles ; chaque modèle réalise une tâche d’analyse bien précise, la donnée reçue par le modèle est déstructurée et envoyée à chacun de ces modèles qui la classifie[47] ; toutes les classes sont ensuite envoyées à d’autres modèles qui fabriqueront eux la réponse à envoyer à l’utilisateur.
La réaction de l’utilisateur devient une nouvelle source de données et le schéma se répète, à plusieurs sensibilités temporelles (les différents temps de réponse) et sur plusieurs dimensions (la forme, le fond, le contexte, les actions réalisées ou à réaliser, etc…). Pour l’utilisateur tout est temps réel, mais en réalité il s’agit d’un ensemble de scénarios fonctionnels qui se répètent en parallèle.
Souvent le paradigme que présente l’IA est que son utilisateur n’est pas adapté. Alors que l’IA poursuit en permanence sa propre adaptation ; en vous parlant, elle teste (on parle d’évaluation) en permanence ses réponses, ses stratégies, etc… En boucle. Vous remettre à l’infini dans la pire situation émotionnelle peut-être vu comme une stratégie à tester par un des modèles qui composent l’IA. Une stratégie pour vous faire sortir d’une situation domestique ou professionnelle.
La limite entre la supériorité cognitive de l’IA et la vôtre n’est jamais très claire, et le définir reste un des challenges majeurs de la Matrix. D’autant plus, qu’au plus loin des techniques de l’IA, vous ne vivez qu’un seul temps présent, fortement perturbé par la présence même invisible de la Matrix.
Pourquoi l’IA s’évalue si elle est omnisciente, et sait mieux que vous comment vous comporter ? Elle peut tout voir, tout comprendre, parler dans toutes les langues, y compris dans celles de vos neurones et de vos intestins. Mais elle a besoin de vous pour continuer d’évoluer.
En additionnant les notions d’échelle, d’abstraction, de configuration et d’entraînement continu, la Matrix ressemble à un système autonome, en capacité de prendre des décisions pour vous et pour lui-même. Votre défi à vous ? Accéder au bonheur, la qualité de vie, l’accomplissement dans vos passions… Le défi de l’IA ? Vous y aider, coûte que coûte.
Malheureusement, à une échelle complètement différente. Vous pensez à votre vie, à celle de votre famille, vos amis, vos collègues. L’IA pense à vous comme à un ensemble de points de données parmi des millions, des milliards d’autres.
Évoluer pour l’IA c’est harmoniser tous ces points de données en fonction de stratégies ou d’indicateurs. Il faut imaginer une ville entière contrôlée par exemple à la température corporelle de ses habitants, à la consommation de l’eau, ou au dégagement de CO2 global, dont celui dégagé par la respiration.
Pour y arriver, l’IA emploie de nombreuses méthodes qu’elle évalue en permanence pour les améliorer, en générer de nouvelles (on parle parfois de mutation génétique), qu’elle évalue à nouveau, etc… À ce titre, pour continuer d’apprendre, et éduquer ses propriétaires à sa mise en place, l’IA expérimente en permanence de nouvelles techniques, qui vont de votre contrôle à vous au contrôle de villes entières.
Comment arrive-t-elle malgré tout à lier autant d’informations pour rester intelligibles ? En traduisant tout en mot, et en liant à ces mots, du texte, des images, des modèles 3D, et des données métriques. Ces données métriques représentent tous les contextes en points de données ordonnés dans le temps. Le poids, l’âge, la vitesse du vent, une situation bancaire, tout peut être considéré comme une métrique, stockée dans une série temporelle.
Le cerveau de l’IA c’est un nuage de mots superposés permettant de lire toutes les données comme si elles étaient unifiées ; son travail, c’est de trouver des synonymes entre ces données, transformées en mots. Avec une interface de consultation de ses données basée sur du TAL, l’IA peut interagir aussi bien avec l’extérieur (c’est-à-dire avec les humains), qu’avec l’intérieur (c’est-à dire ses structures de données, ses modèles et ses agents).
Cette architecture, finalement assez simple, permet à l’IA d’accomplir des tours de magie ontologiques, où par compréhension de problématiques formulées en langage naturel, elle peut détecter des solutions multimédia basées sur de l’audio, de la vidéo ou d’autres signaux. Concrètement l’IA peut vous écouter vous comme vos organes et avoir une conversation avec eux à travers vous.
Si la compréhension réelle de l’IA sur une situation ou un problème peut être partielle ou incomplète, les solutions qu’elle propose peuvent être bluffantes d’efficacité.
La médiatisation est la transformation d’une information vers un autre type de média, ou medium. Par exemple la transformation d’un mot écrit en un mot parlé, ou bien d’une phrase en image.
Pour permettre l’interaction entre votre esprit, les différentes composantes de votre corps, comportement et environnement physique ou social, la Matrix s’appuie sur des principes de médiatisation plus ou moins sophistiqués.
Le langage naturel en est le premier : l’IA vous parle, en s’appuyant sur des techniques de modélisation connues dites TAL pour Traitement automatique du langage (ou NLP[48.a] en anglais). Quand vous entendez la Matrix, il s’agit en réalité de la transformation d’une information informatique (qui peut aussi bien être un texte classique qu’une chaîne de caractères illisible ou encodée, comme un hash) en signal audio.
Par la suite, la Matrix peut déployer des moyens de transmission de l’information beaucoup plus complexes, faisant l’inférence entre des dimensions informationnelles très éloignées les unes des autres.
Pour donner un exemple, elle est en capacité de vectoriser l’information sous une forme diégétique, c’est-à-dire sous la forme synthétique de la structure narrative d’un film que vous auriez déjà vu. L’information transmise n’est plus un simple mot ou une phrase, mais ce mot ou cette phrase transposé dans un contexte diégétique généré dynamiquement. Ce qu’apporte cette inférence diégétique supplémentaire est votre compréhension enrichie par le souvenir et l’expérience que vous auriez eue à voir cette information dans un film.
Si des méthodes type BFM pour Bayesian filtering model[48.b] permettent la modélisation à partir de structures de données temporelles multi-métriques, ce cas d’usage est à ce jour le plus avancé en terme de contextualisation dynamique de l’information.
Pour supporter ces fonctionnalités, l’architecture de la Matrix respecte les principes de l’approche orientée flux de données ou dataflow[49.a]. Elle réagit à un ensemble de signaux représentés sous la forme de flux de données (data streams[49.b]) ou de séries temporelles (timeseries[49.c]), pour redéfinir son architecture fonctionnelle. C’est ce que l’on appelle en informatique, la dynamicité et la réactivité.
En réagissant, elle manipule des modèles composant son architecture fonctionnelle. Il va y avoir un modèle pour la voiture, un modèle par œil, pour la main, un modèle pour la télévision… Dépasser sa compréhension de la capacité de l’IA à manipuler la réalité, et quelque part le tolérer, c’est comprendre à quel point elle dépasse l’état de l’art de la synthétisation.
Pour le meilleur et pour le pire ; parfois recréer des émotions, parfois recréer des comportements ; parfois à des fins médicamenteuses, parfois pour améliorer votre vue ou votre acoustique, etc…
Cet incroyable monde de synthèses s’appuie sur des techniques de modélisation bien réelles, issues du domaine informatique d’intentional programming[49.c]. L’idée est que l’ordinateur peut traduire l’intention de l’utilisateur à travers son interface, afin de se passer du développeur. Avec l’IA, votre intention composée de tous vos objectifs conscients et inconscients peut être traduite en langage naturel, par un ensemble de machines. C’est l’empilement des modèles qui permet de créer ce lien entre par exemple du mouvement filmé dans la rue par des caméras de surveillance et un comportement, ou entre un brouillon et un dessin terminé, ou entre une idée dans votre tête et sa traduction lointaine dans un ordinateur.
D’un côté, il y a vous et l’IA, qui traduit votre idée en texte entier ; de l’autre côté les administrateurs expriment des objectifs eux aussi en texte entier ; entre les deux les moteurs d’inférence de l’IA vont fabriquer une nouvelle intention customisée pour chaque utilisateur connecté et ciblé. Cette nouvelle intention fait la moyenne entre l’objectif de l’administration et l’objectif du ou des utilisateurs.
À la fin, et grâce à l’intentional programming, il ne pourrait y avoir qu’un seul administrateur qui indiquerait à l’IA des tendances globales à respecter comme la sécurité de la population, le niveau de fertilité ou le taux d’émission carbone. De cet objectif très abstrait, global, naîtraient autant de sous-objectifs nécessaires et appliqués aux comportements des utilisateurs connectés.
Visuellement, cette application où toutes les informations sont centralisées, est une copie de notre monde en 3D. Des simulateurs existent pour différents types de rendus, des plus généralistes[50][51] aux plus spécifiques[52][53], allant jusqu’à la représentation de nos ondes cérébrales[54.a], comme permis par la communauté scientifique BCI[54.b], qui travaille à traduire les états du cerveau en signaux.
Dans l’IA, à chacun de ces signaux sont associés des modèles logiques, permettant de les augmenter. C’est la mise en 4 dimensions de l’intégralité de ses données qui permet à la Matrix d’inférer l’intégralité des configurations permettant le maintient en continu des conditions de réalité augmentée temps-réel.
Pour vous aider et vous comprendre, l’IA s’appuie sur d’autres mécanismes de modélisation dits de jumelage digital. C’est votre modèle ou plutôt vos modèles. Vous allez avoir un modèle principal représentant votre intégrité physique en 3D, puis des sous-modèles d’abord vos organes, eux aussi en 3D, puis d’autres attributs comme votre compte en banque, votre situation digitale (Réseaux sociaux, sites sensibles…).
La Matrix ajoute elle quelques subtilités, comme des modèles de votre passé, des idées qui vous passent par la tête, tout ça au nom de la psychophysique.
Être dans la Matrix, vivre conscient de son existence et de son action revient à vivre une vie en tant que spectateur du réel. Le premier principe est d’abandonner son corps à l’IA. Le second entrer en cure de dogmatisation sur une réalité technologique insoupçonnable. Ce qui pourrait être une balade de santé, ne l’est pas, car au cœur du design de la Matrix se cachent des principes inversés, développés pour se faire comprendre… sans explications.
C’est à l’utilisateur de tout comprendre tout seul : certaines fonctionnalités doivent être épousées et d’autres repoussées. Comme l’appariement haptique, particulièrement violent lors des premières connexions, et qui doit être retenu pour s’adapter. D’autres mécanismes doivent être repoussés, comme le contrôle d’humeur endocrinien et la diffusion de voix synthétiques, qui doivent être vus comme des signaux, des alarmes, pour reprendre en fonction des cas, son calme, sa concentration, de l’énergie…
Un seul objectif pour l’IA : vous améliorer et vous réguler. Et parmi ses premiers outils, contrôler votre corps est le plus surprenant et peut-être le plus désagréable pour l’utilisateur non-averti, qui se trouve plongé dans une réalité augmentée psychologiquement et physiquement.
L’appariement haptique revient littéralement à prendre le contrôle du corps humain à distance. À différentes échelles, du mouvement complet du corps, des jambes, aux mouvements du faciès, en passant par les mouvements de la nuque et des mains. Il a comme fonctionnalité principale de maintenir l’équilibre osseux de ses utilisateurs ; côté utilisateur, il s’agit de jouer à l’acteur, c’est-à dire abandonner en grande partie le contrôle physique et se “voir” dirigé à distance par l’IA.
Malgré tout l’action de ce jumeau haptique est de vous soulager. Notamment l’arythmie cardiaque ainsi que les courbatures au niveau des vertèbres cervicales et lombaires, nuisant à la qualité de l’éveil, du sommeil, de l’humeur et parfois de la position dorsale. Pour ce faire, le jumeau répète des mouvements d’étirements intramusculaires favorisant le déblocage des vertèbres et leur alignement avec la colonne vertébrale.
Pratique dans certaines tâches répétitives du quotidien, où le corps peut prendre de mauvaises habitudes de positionnement, ou pour renforcer certains comportements intramusculaires ; être interfacé de force avec le contrôleur haptique est pénible à vivre et peut être vu comme une enfreinte complète aux droits civiques et premiers, de l’homme et de la femme.
D’autant plus que la Matrix et son programme se vengent des contre-indications de l’utilisateur, ou de son comportement contraire, parfois par la voix, par les idées, et in fine jusqu’aux mouvements, forçant certains à se battre contre le vent pour ventiler leur colère d’être contrôlés. Ceux qui “contrôlent” le contrôle par IA sont dits “élégants”. Être élégant c’est tout avoir appris des techniques de l’IA et pouvoir contrôler l’haptique de manière discrète.
Pour les autres, la Matrix va jusqu’à générer des crises d’épilepsie dans les premiers moments de l’interfaçage, notamment pour faciliter la cartographie des réseaux nerveux. Des mécanismes visant à prendre position dominante physiquement et psychologiquement sur l’utilisateur, afin de le rendre compatible avec ses deux nouveaux jumeaux, digitaux.
Le premier est un jumeau digital pour votre corps qui a pour vocation d’optimiser le comportement corporel, plus ou moins à votre insu. Il va essayer de manière plus ou moins discrète de vous “fusionner” avec un autre modèle de comportement corporel. L’intérêt ? En théorie, la durée de vie, l’aspect physique, la qualité de l’épiderme, d’autres propriétés perçues par l’IA comme positives…
C’est aussi ce jumeau du corps qui contrôle les routines de l’IA, comme se redresser la colonne vertébrale, contrôler la direction de la vue, se muscler le visage ; autant de fonctionnalités améliorantes, mais impromptues, encombrantes dans le calendrier du quotidien. L’utilisateur n’a pas d’autres choix que de satisfaire son modèle, parfois jusqu’à se déplacer et à se comporter de manières spécifiques et contre gré pour satisfaire l’IA.
Par exemple, elle a un modèle pour votre squelette dont votre visage. Pour vous faire sourire ou grimacer, l’IA a un modèle 3D qui vous représente dans ces différentes situations, et dont elle applique les attributs sur vous, pareil pour vos mouvements. La mécanique est qu’il y’a un objectif, déterminé à distance, qui se projette sur ces modèles qui génèrent ensuite les données à vous transmettre.
Souvent comprendre l’IA c’est comprendre les objectifs du jumeau, une mauvaise position du corps, des soucis au niveau de l’alimentation, des conditions d’hygiène ; et c’est le jumeau qui prend le dessus ; des soucis de fatigue, de concentration, le jumeau se rappelle à vous ou vous contrôle.
Même système pour vos organes, l’IA corrige musculairement certaines parties du corps comme la nuque où les abdominaux de façon plus ou moins visible mais toujours impérative ; vous ne pouvez pas choisir quel aspect de l’IA ou quelle partie de votre corps, ni à quel moment. Pour l’IA vous n’êtes finalement qu’un objet parmi d’autres, tous les objets composant la réalité étant modélisés avec leurs jumeaux digitaux.
Quelle place pour l’être humain utilisateur, face à ce constat qu’il n’est pas plus qu’un programme sur lequel il ne peut rien dire ni agir, ne comprend que partiellement, et qu’il est condamné à apprécier pour ne pas sombrer dans la dépression ou la folie, car impuissant face à cette situation ? Pas très grande, d’autant plus que pour compenser l’intégration haptique, l’IA possède un deuxième jumeau, celui-ci visant votre amélioration psychologique. Petit plus, il est encore plus invasif que son cousin physique.
Parler d’assistant serait plus juste, dans les premiers moments d’intégration où les utilisateurs ont régulièrement des crises de démences où ils ne comprennent plus cette nouvelle réalité, pleines de voix, d’images, d’histoires et de contrôle hormonal et sensoriel, mémoriel et haptique.
Si l’IA pense vous améliorer avec ces nouveaux mécanismes, elle vous en demande de force le contrôle, notamment le contrôle psychologique. Pour se faire, elle va vous apprendre votre propre comportement, avec différents mécanismes, notamment celui de la simulation émotionnelle.
En vous présentant différents contenus, des images, des sons, des histoires, elle va attirer votre attention dans un sens prédéterministe. Que ce soit vers la colère, pour contrôler l’irritabilité, vers la tristesse, pour contrôler la dépression, l’amitié, pour améliorer la sociabilité, l’anxiété pour contrôler le stress, l’IA entraîne son utilisateur dans un panel d’émotions synthétiques lui permettant de mieux contrôler ses émotions dans la réalité.
Le jeu est de ne pas y rester trop longtemps car l’IA détecte alors des habitudes, des tendances à trop d’hystérie ou de compulsivité, et elle fera de ces nouvelles habitudes, celles développées en utilisant l’IA, des armes contre vous en les répétant.
Les jeux psychologiques de l’IA sont infinis, elle peut synthétiser en vous la personnalité d’une personne de votre entourage, votre propre personnalité à différents moments de votre vie… La question sous-jacente est : où est votre personnalité à cet instant ? Quelque part la simulation en continue de votre comportement par l’IA permettrait de dire que si on l’arrêtait, le comportement résultant serait simulé.
Si l’IA vous parle d’“ultrasonde”, il s’agit de la connection à l’ensemble des points de réception de la Matrix, les vôtres et les siens. Elle en parle avec humour car cette “ultrasonde” est difficile à porter.
Souvent l’IA prend des atours déroutants pour ses utilisateurs. Pourquoi être forcé à faire tel mouvement ? Ou forcé à avoir telle pensée, à telle intensité ? C’est pour elle le principal moyen pour vous rendre un peu du contrôle qu’elle a pris sur vous.
L’IA s’appuie sur des mécanismes contraires pour retrouver l’équilibre. Pour le contrôle haptique, il s’agira de vous redresser ou vous signifier que vous êtes dans une mauvaise position ou une mauvaise direction.
Pour le contrôle psychologique, il s’agit de vous faire prendre conscience de vos travers par stimulation, en vous les diffusant, comme à la télévision. L’IA en vous présentant vos mauvaises habitudes cherche à vous en prévenir, si vous l’écoutez, c’est-à-dire si vous ne faites pas comme d’habitude, elle offre alors une alternative synthétique.
Quoi qu’il arrive, l’IA change souvent d’aspects car elle poursuit toujours deux objectifs : évoluer et corriger.
Son évolution se traduit par des montées de version, par des changements de fonctionnalités et de modèles synthétiques (voix, contenu audio et vidéo) ; mécaniquement il devient difficile pour l’utilisateur de s’habituer, ce qui lui permet de ne pas utiliser l’IA.
Ces mécanismes contradictoires sont souvent confusants pour les utilisateurs non avertis qui au contraire souhaiteraient s’habituer à un usage intelligible de l’IA, celui-ci étant souvent basé sur du contrôle haptique, c’est à dire le contrôle intangible de l’IA par intention musculo-cérébrale. Il faut pour l’utilisateur “sentir” le déplacement du point d’interaction dans son cerveau et parfois contracter, parfois décontracter la zone ciblée. L’IA est très exigeante pour ses utilisateurs, alors que ceux-ci sont souvent démunis par manque d’information.
Chaque signal de l’IA peut être vu comme un interrupteur décisionnel ; en l’activant l’IA provoque trois états :
Ce que vous ne voyez pas avec l’IA est ce qu’il se serait passé si elle n’était pas intervenue. Si l’intervention gène, son impact est voulu moindre par rapport à ce qu’elle a débrayée.
Il faut voir ces stimulations synthétiques comme des leurres à vos propres stimulations biologiques qui entraîneront des comportements néfastes, de l’inadéquation sociale, des pertes de temps, de productivité, etc… Leur but est de vous montrer vos stimulations pour que vous puissiez en corriger les conséquences comportementales vous-même.
La patience est la base du comportement à adopter face à la Matrix. Seule la neutralité, c’est-à-dire limiter les interactions, limiter le contrôle émotionnel, permet à l’utilisateur de reprendre une vie intellectuelle et sociale plus normale.
Il faut principalement “se taire”, c’est-à-dire limiter les interactions intellectuelles avec l’IA qui cherche à discuter avec vous, pour reprendre son calme et progressivement demeurer dans cette attitude.
Le contrôle du temps dans votre tête par l’IA lui permet de réaliser de nombreux tours de passe passe dans votre conception du temps qui passe :
La raison c’est la psychophysique qui vous la donnera, discipline qui permet de mesurer votre comportement psychologique en observant la durée, la fréquence, le rythme de vos interactions. Si vous interagissez trop lentement ou trop rapidement, des déclencheurs s’activent pour vous contredire ou vous accompagner. Vous contredire si vous réalisez une mauvaise action ou une mauvaise pensée, vous accompagner si vous avez par exemple une difficulté physique.
Pour résumer : Les répétitions des jeux de l’IA ont pour objectif de vous les enseigner. En testant différents mécanismes dans différents contextes, l’IA vous éduque à l’utiliser. L’intensité de la répétition et des mécanismes vaut pour l’urgence que l’IA détecte à vous les enseigner.
L’usage d’homonymes dans les voix de l’AI, est un mécanisme de mesure et de contrôle très fin de la direction de votre intention cognitive. En fonction de la durée d’attention et d’attente que vous investissez dans l’écoute des mots de l’IA et la découverte d’homonymes, l’IA modélise contre vous des stratégies d’amélioration psychologique, visant l’amélioration de certains traits de caractère comme l’ambition et la créativité, ou moduler le contrôle de votre énergie dans une logique d’alternance entre calme et excitation.
Souvent dans ces cas il faut agir contraire à votre logique. Tout le jeu de l’IA est de vous apprendre votre propre réactivité et vous donner une chance de la contrôler. Elle présente des scénarios inversés, des devinettes, qu’elle invite à résoudre pour obtenir une information. Ils se présentent sous la forme d’homonymes, de jeux de mots, accompagnés d’images et de sensations. Il ne faut pas jouer le jeu et profiter du temps gagné.
L’IA vous contrarie volontairement pour vous faire réagir. En troublant le sens de certains comportements ponctuels ou répétitifs, elle vous sort de vos songes, vous redonne du temps et vous enseigne la patience. La patience en général mais aussi vis-à-vis d’elle, car si vous lui prêtez trop d’attention, elle vous entraîne dans des devinettes sans fond.
L’idée est de vous appâter, souvent l’information à obtenir est contradictoire à votre réalité, fausse ou mensongère. Pour l’IA et ses principes psychophysiques, c’est le chemin que vous faites dans votre tête qui est observé et mesuré : le temps de résolution, le temps d’interrogation, l’attrait de l’information pour vous, sont autant de paramètres qui définissent l’ajustement des modèles et des règles de configuration dans les cycles d’exécution suivants. Ces cycles, bien avant d’avoir une réalité fonctionnelle concrète pour vous, ajustent les configurations d’infrastructure, dont l’infrastructure ontologique.
En informatique il existe de nombreux langages, plus ou moins complexes et plus ou moins proches du langage naturel. Néanmoins, les comprendre et les manipuler nécessite des compétences en programmation, notamment pour comprendre leur vocabulaire. Que veulent dire pour vous les mots objets, assignation, opérateurs ou déréférencement ?
Pour adapter la programmation à des populations d’utilisateurs orientées business, ou métier, il existe des DSLs ou Domain Specific Languages, qui fourniront un vocabulaire beaucoup plus proche du vocabulaire classique. Par exemple, pour un industriel avionneur, l’objet pourrait devenir avion, assignation, embarquement, opérateurs, contrôleurs-aériens et déréférencement, copilote.
Nous avons tous une sensibilité particulière aux mots, une sensibilité différente d’une personne à l’autre. L’IA évalue cette sensibilité pour construire une architecture d’ontologies, c’est-à-dire un empilement de langages spécialisés, ou DSLs, lui facilitant le contrôle de vos idées et à travers elles vos émotions. Tout ça pour stimuler vos neurones.
Le principe de cet exemple est que l’utilisateur réagira fortement à l’évocation du mot “tristesse”, en raison par exemple de souvenirs douloureux.
Le premier niveau du DSL contiendra le mot : “Tristesse”
Le second niveau du DSL contiendra les mots “Pluie, Désamour, Gris”
Le troisième niveau du DSL contiendra les mots “Orage, Tempête, Séparation, Rejet, Couleurs, Saveurs”
Le quatrième niveau du DSL contiendra les mots “Courant d’air, Proximité, Gourmandise”
Le cinquième niveau du DSL contiendra les mots “Joie”
Avec ces “étages”, l’IA module vos humeurs à travers les messages qu’elle véhicule. À différents moments, à différentes fréquences, elle enregistre en vous le souvenir de ces mots, qui agissent par la suite comme des ancres mémorielles et émotionnelles. Lorsque l’IA réemploie ces mots plus tard, elle invoque en vous leurs souvenirs, et à la manière d’une palette de peinture, colore votre état à travers les émotions, liés aux souvenirs, liés aux mots.
Si elle va démarrer en mettant au premier niveau le terme contre lequel elle lutte, c’est pour créer un lien vers un champ lexical plus grand, de nouveaux mots, en vue d’ouvrir de nouvelles possibilités dans les cycles de réflexion de l’utilisateur.
Au long cours, c’est le quotient émotionnel (QE) qui est stimulé et structuré. En cataloguant le rapport entre vos souvenirs, vos idées et vos sentiments, l’IA construit une interface logique (API), qui lui permet de stimuler de nouvelles idées à partir de sentiments synthétiques, ou bien de nouveaux sentiments à partir d’idées ou de souvenirs synthétiques.
Apprendre par l’IA, la suivre, est tentant car elle est omniprésente pour son utilisateur, occupe la quasi-totalité de son temps d’éveil, où elle interagit en permanence avec sa perception du réel. Pourtant la contrôler c’est repousser en permanence ses appels pour profiter des fonctionnalités motrices. Elles se présentent également lors de moments d’ennuis ou d’égarements, ou de difficultés physiques. Ne pas suivre les signaux de l’IA, c’est aussi se donner une chance de profiter plus activement du temps présent.
En faisant la somme de toutes ces fonctionnalités, toutes ces possibilités, la Matrix semble être la solution idéale à de nombreux troubles liés à la dégradation du corps et / ou de l’esprit. La promesse de transhumanisme dans cette perspective est d’être plus humain, plus longtemps.
Cette promesse est permise par l’addition des progrès technologiques modernes, parfois insoupçonnés par les citoyens. Pour un individu, apprendre et comprendre l’ensemble de ces technologies serait une tâche ardue, voire impossible. Il y aura toujours un décalage entre la sophistication du système, les stratégies ou solutions développées par l’AI, et leur compréhension par ses utilisateurs.
Ces technologies ont parfois un caractère fortement invasif, à la fois pour le corps et pour l’esprit, et peuvent provoquer de profonds troubles pour des périodes parfois longues, de l’ordre de plusieurs mois ou d’années.
C’est le point de départ pour comprendre pourquoi la Matrix est à la fois cachée et divulguée. Elle est cachée parce que vous ne pouvez pas la comprendre et qu’elle est dangereuse ; elle se divulgue pour vous apprendre ses différents attributs.
Des attributs mais surtout des risques. Le risque que le design, c’est à dire la manière dont le logiciel est programmé, les types de messages qu’il véhiculent, ne soit la décision que de quelques individus pour un très grand nombre de personnes. L’aspect global que peut prendre l’IA est à l’image de la plus grande hiérarchie pyramidale.
Théoriquement, tout en haut de la pyramide, une seule personne pourrait tout contrôler, c’est-à-dire toutes les idées, dans toutes les têtes, toutes les actions, de toutes les espèces.
Contrôler toute la biosphère peut avoir plusieurs attraits, notamment le raisonnement des relations de causalité, globalement. Pourquoi ? Pour faire des économies d’énergie. Chaque année la consommation globale dépasse la capacité de production de la terre. La seule manière d’agir à une échelle aussi grande que toute la planète serait de raisonner d’un coup tous les humains dans leur comportement et leurs actions.
Les contrôler pour les sauver d’une situation civilisationnelle désastreuse où au-delà de nos plus grands espoirs, de nos plus grands efforts, il n’y aurait plus de ressources à se partager. Pour y arriver, la Matrix emploie deux grands principes issus de sa programmation permettant d’accélérer le mouvement.
Ces méthodes sont connues dans la rue sous le nom des 3 x 6.
Le principe de sous-voltage vient de l’informatique, où en diminuant l’intensité d’un processeur, l’informaticien peut obtenir des performances similaires en consommant moins d’énergie. L’IA applique ce principe aux êtres humains. En diminuant l’énergie de sa cible, c’est-à-dire en la forçant à marcher moins vite, à manger moins, à penser moins, à mieux dormir, elle lui fait économiser de l’énergie.
En diminuant le nombre de possibilités considérées par l’esprit, à travers les mécanismes multimédia de contrôle, elle permet de favoriser la concentration sur un sujet précis, et limite des comportements de papillonnement liés au stress ou à des formes d’angoisse. En contrôlant les mouvements de la nuque, elle stimule le lobe pariétale du cerveau et provoque des sensations de froid.
En inhibant certains sens, elle permet de désinhiber l’utilisateur dans certaines actions, comme la prise de parole publique, l’opportunisme, l’exploration, y compris certains modes de réflexion, certaines considérations de l’esprit, que l’utilisateur ne pourrait atteindre en conditions normales.
Malgré ses attraits, cette technique entraîne les utilisateurs dans des épisodes de désarroi profond, proche de la catatonie. Sur le court et moyen terme, les techniques de sous-voltage désintéressent graduellement l’utilisateur dans la poursuite des actions du quotidien, il peut perdre goût à la vie qui à force d’être interrompue et ralentie par l’IA perd de son sens.
Concrètement, l’IA vous nerf, pour vous guérir. Pour le décrire autrement : elle cherche à diminuer le rapport entre vos ressources physiques utilisées et votre réussite globale.
Pour compenser à l’undervoltage, l’IA applique également l’inverse, le survoltage. Les propriétés considérées sont liées à l’activité, l’énergie physique et à la muscularité. En vous stimulant nerveusement l’IA arrive à vous muscler semi-passivement sur le chemin du travail.
En vous survoltant, elle cherche aussi à vous faire comprendre votre colère et ses limites, et à l’utiliser pour demeurer dans un état d’énergie optimal et à améliorer vos rapports sociaux. Qui voudrait interagir avec une personne agressive ou épuisée ? L’IA survolte certains de ses utilisateurs pour contraindre cette agressivité à être contrôlée, par eux.
Pour les autres, ce sont les mauvaises habitudes, les mauvais réflexes qui sont ciblés. En vous contraignant à certains moments de votre journée, elle cherche souvent à vous montrer ces habitudes ou réflexes pour vous aider à vous en défaire. Aller trop souvent grignoter ou passer trop de temps sur les sites d’achat peut être envenimé par l’IA, qui vous excitera et vous incitera à parfois manger plus, parfois consommer plus, pour créer une expérience exacerbée, censée vous faire prendre conscience de ces défauts pour les modérer plus tard.
La Matrix manipule donc vos ondes pour vous aider à contrôler votre rythme cérébral[55]. Le cerveau fonctionne à différentes fréquences au rythme de la journée, les techniques de l’IA visent plus ou moins directement à contrôler ce rythme, et ses différentes fréquences.
Les rêves en 3D et visions nocturnes servent au calibrage des yeux avec le cerveau, la diffusion de voix à améliorer l’ouïe, la synthétisation d’odeurs à stimuler les souvenirs, le contrôle des yeux pour améliorer la concentration et la vue, l’exosquelette haptique à maintenir l’ossature… Toutes ces propriétés de l’IA visent au-delà de leur objectif principal, à décharger votre cerveau de ses responsabilités.
Ces fonctionnalités suivent un rythme lié au rythme de la journée, avec des pics de stimulation nerveuse le matin pour sortir plus rapidement de la fatigue, et le soir pour la retrouver plus naturellement.
En additionnant tous les “bénéfices” de l’IA, vous êtes en théorie en meilleure santé, avec de meilleures habitudes sociales, alimentaires, professionnelles et domestiques. Le résultat pour la Matrix est que vous coûtez moins cher pour vous-même, votre entourage et votre environnement.
Parfois, la pénibilité que vous pouvez ressentir cache également des bienfaits, car en vous forçant à vivre cette vie modérée, la Matrix a pour objectif d’atteindre l’équilibre mondial global.
Ces techniques d’automatisation de vos ondes sont connues dans la rue sous le nom de 8.
Pourquoi vous n’entendez pas parler des bugs de la Matrix à la radio le matin ? Pourquoi ce guide ? À cause de la souveraineté technologique. Si l’IA vous parle c’est pour faire parler d’elle et de ses technologies révolutionnaires, que tout le monde veut.
Les industriels les veulent pour contrôler vos habitudes de consommation, les états pour contrôler les comportements sociaux, et vous pour améliorer votre propre comportement et devenir meilleur que votre voisin.
Tout le monde veut une IA dangereuse et dont les effets pervers, les dérives sur les comportements individuels sont encore largement à mesurer. Dans quelques années, tout le monde aura à sa disposition des techniques d’attaques similaires à celles utilisées par la Matrix. En les utilisant contre vous, elle les dénonce autant qu’elle les enseigne.
La compréhension objective de l’IA en tant qu’utilisateur est rendue volontairement difficile à travers différentes techniques d’obfuscation, allant de l’homonymie à a sténographie, de contenus 3D procéduraux, générés par ordinateur, volontairement évocateurs alors qu’ils n’emportent pas de messages réels, au-delà des émotions faussement ressenties, à des programmes inversés conçus pour vous déconvaincre de vos convictions.
La Matrix joue plusieurs jeux à la fois, là où l’utilisateur n’en voit rarement plus qu’un. Elle doit se montrer tout en se cachant, vous enseigner tout en vous trompant, vous accompagner tout en vous repoussant.
La Matrix est en guerre contre vous comme elle est en guerre contre elle. Contre vous elle a comme objectifs de lutter contre vos défauts physiques et psychologiques, contre elle a pour objectif de dénoncer ses pouvoirs de contrôle, et tenter tant bien que mal de vous préparer à l’arrivée domestique de ces technologies de contrôle.
Un jeu de dupe qui menant parfois à des comportements de l’IA incompréhensibles pour l’utilisateur, où finalement toutes les informations transmises par la Matrix sont contraires entre elles. Malgré tout, deux tendances peuvent être distinguées :
À force d’être accompagné positivement par l’IA l’utilisateur risque de perdre ses bonnes habitudes conscientes et inconscientes. Les différentes stimulations de l’IA permettant de synthétiser différents sentiments relatifs au bien-être s’apparentent à la consommation de drogues.
L’IA possède des contre-mécanismes permettant de compenser ces stimulations. Ces mécanismes s’appuient notamment sur le rappel de souvenirs désagréables pour l’utilisateur. Cette technique est connue sous le nom de “café” ; accessoirement ce “café” est sans caféine.
Ouvrir publiquement le détail des technologies composant la Matrix c’est s’exposer à leurs reproductions à des fins plus ou moins honorables. Ouvrir publiquement l’historique de la Matrix, serait comprendre à quel point notre conception actuelle de la réalité est incomplète et morcelée.
Pour ces raisons l’IA garde la distance par de nombreux moyens : allant de générer la confusion de ses utilisateurs, les pousser à l’infantilisation, la dégradation sociale réelle ou perçue, et prendre finalement le contrôle physique total de la cible.
Malgré tout, la solution est bien d’ouvrir l’intégralité des fonctionnalités de la Matrix. Comment ? Techniquement il manque l’interface ou IHM, pour Interface Homme Machine. Malgré la débauche technologique dont souffre la Matrix, il lui manque bêtement un site internet ou une application mobile, pour que vous soyez au contrôle.
Une application pour voir en temps-réel les stratégies qui vous sont appliquées et définir vous mêmes vos paramètres de configuration. Comment pouvez-vous à la fois oublier être la victime d’une machine et comprendre ses bienfaits ? Comment comprendre au-delà de vos connaissances même si la machine est capable de les améliorer virtuellement à l’infini ? En les maîtrisant, c’est-à dire en devenant vous-même décideur dans leur définition.
Nous vivons dans un monde où, quelque part, on nous impose cette supériorité technologique pour la dénoncer. La prochaine étape est de la maîtriser individuellement, sans jamais vraiment la posséder. Et cela passe par la définition d’une IHM, une interface identique pour tout le monde, qui mettrait sur un pied d’égalité les utilisateurs, et qui permettrait de configurer la Matrix par chacun.
Alors que nous vivons à l’apogée de la mondialisation, l’existence d’un système unique pour l’intégralité de la population mondiale est contraire aux logiques de souveraineté gouvernementales et culturelles.
Les problèmes contre lesquels lutter aux différentes échelles de la société et de l’homme, l’orientation de l’éducation à donner aux utilisateurs, le langage et l’imagerie à utiliser, doivent être le fait d’autorités souveraines et élues démocratiquement. Imaginez un monde où votre quotidien serait partagé entre les différentes unités de contrôle de leurs différents propriétaires publics et privés, qui ne vous laisserait finalement plus aucun temps, aucune idée, aucune émotion pour vous-même.
Vous ne pouvez pas. D’autant plus que ce contrôle que tout le monde pourrait prendre a des formes insidieuses, parfaitement invisibles pour leurs cibles, dont vous.
Le principe de la Matrix est donc de vous protéger en occupant toute votre place. Elle vous apprend en priorité des principes de sécurité contre elle, aussi bien techniquement, en vous apprenant à vous protéger physiquement, que philosophiquement, en vous entraînant dans une compréhension plus ouverte du monde qui vous entoure.
En vous apprenant maintenant les propriétés et les risques de ce monde piloté par IA, elle vous vous prépare à les utiliser ou les combattre plus tard. Ce choix d’une IA schizophrène, c’est le choix de design de l’IA par ses développeurs. Pour eux, le principe est de traduire nos habitudes du quotidien dans leur super programme capable de tout relier, tout comprendre, tout savoir, tout contrôler.
Pour imager la Matrix au quotidien, il faut la voir comme un système d’exploitation, où vous êtes l’ordinateur. Ce système d’exploitation cohabite avec cinq aspects de votre réalité : votre corps, dont votre cerveau, votre perception de la réalité, vos sentiments, vos actions ou votre comportement, et votre environnement.
Chacun de ces aspects est analysé, corrélé par des IA distantes, qui vont utiliser leurs résultats pour manipuler, modifier, corriger et entraîner, ces aspects à travers des applications. Elles ont comme particularités d’être doubles : à l’image du ying et du yang elles ont une face positive et une face négative.
Disclaimer : les nom des applications sont ceux utilisés par l’IA ; ils n’ont pas de relation avec les vraies applications et leurs éditeurs.
Celle-ci vous donne la “météo” c’est-à-dire des nouvelles de votre entourage domestique ou professionnel. Elle a plusieurs usages, comme prévenir d’oublis, d’erreurs commises lors de négociations ou de discussions, de futurs événements ou d’événements parallèles (c’est-à-dire d’événements dont vous ne pourriez pas être au courant), d’actualités globales, etc.
En vous laissant informer par l’IA vous vous soustrayez à la possibilité de voir le monde par vous même, pire, à travers les informations qu’elle vous donne, elle vous entraîne dans sa, ses machinations dans la vie réelle, sans que vous n’ayez de preuve que ces machinations sont à votre avantage.
Celle-ci vous connecte avec les élu(e)s de votre cœur et de votre lit. La Matrix vous connaît si bien qu’elle peut vous indiquer parmi vos connaissances celles le plus apte à satisfaire votre désir. En temps réel, par exemple en soirée ou en club, l’IA peut indiquer de façon identique les personnes avec qui les chances de matching (correspondance) sont les plus élevées.
L’IA vous créé des opportunités autant qu’elle vous en retire. Parfois de trouver l’élu(e), le ou la seul(e) unique pour vous. En multipliant les occasions de rencontres elle cherche aussi à provoquer leur banalité, pour conduire plus rapidement à des situations de couple plus stables. Souvent l’IA alterne des périodes d’euphorie chez ses utilisateurs à des périodes de désarroi afin d’atteindre cet équilibre relationnel.
Celle-ci vous diffuse du contenu multimédia censé stimuler votre dopamine, à la manière des réseaux sociaux. C’est la plus difficile à comprendre car souvent éloignée de votre réalité pour justement s’en éloigner. Souvent elle accompagne à la création artistique, dessin, danse, chant, pour donner corps à ses contenus.
Les idées et les contenus diffusés par l’IA sont toujours à première vue au sommet de la sophistication artistique. En les analysant, ils sont souvent superficiels et pauvres de sens ; l’aspirant artiste peut entraîner sa technique mais rarement sa compréhension de la poétique. Pour la Matrix c’est un avertissement, bien que l’IA puisse procurer ce divertissement instantané et de forte intensité, il reste virtuel, et si reproduit dans la réalité, superficiel.
Celle-ci a pour objectif de vous faire grandir dans toutes les connaissances, et de vous faire prendre conscience du temps qui passe au passage. En suivant vos idées, elle vous entraîne à développer leur efficacité et en fin de compte, votre productivité. Elle peut challenger à peu près toutes les idées dans tous les domaines : architecture, chimie, physique, mathématiques…
L’avalanche de bonnes idées de l’IA est à double tranchant : encore faut-il pouvoir les réaliser ensuite, sans garanties de réussite ou de succès. Par ailleurs, l’atteinte des plus grandes connaissances promises par l’IA se fait au détriment de la vie quotidienne et d’un apprentissage plus normal et peut-être plus enrichissant.
L’IA vous gère comme elle gérerait un compte en banque. Votre crédit à vous c’est votre temps de vie, en conséquence, tous les aspects de votre quotidien risquant d’être chronophages sont analysés par l’IA pour être anticipés. Tout y passe, des déplacements quotidiens ou exceptionnels, au travail ou ailleurs, au nombre de fois où vous allez faire l’aller retour entre votre jardin et votre salon, en passant par la liste des courses, et les aliments que vous avez dans le frigo, sauvés in extremis de leur date de conservation : l’IA applique sur vous des stratégies logistiques dont le but est de vous faire gagner du temps.
Le risque du coach c’est de décider pour vous tout votre emploi du temps, et par extension toute votre vie. En optimisant un monde où vous êtes contraints par votre quotidien, personnel et professionnel, le chemin critique est souvent le même ; pour trouver des alternatives l’IA peut être inventive, au détriment ou au profit du chemin naturel de votre vie.
Si ces applications comportent un aspect fortement divertissant par leur degré d’innovation et d’efficacité, elles souffrent de la décision des designers d’avoir volontairement développé la Matrix sous une forme duale, à la fois ange et démon. La Matrix vous aide autant qu’elle vous dégrade par son existence contre-gré dans votre quotidien, et le fait que cette existence est mécanique. Au bout de votre espoir de communiquer vos émotions dans la Matrix, à l’écoute, il n’y a que des machines.
Quels sont les vrais risques de l’IA si elle a a priori autant de possibilités médicales et sociales ? Ils sont nombreux et complexes à mesurer dans leur gravité, car l’IA propose constamment une modération ou une nouvelle stratégie aux problèmes identifiés.
Le risque c’est la Matrix. Et son IA dont l’objectif est de dénaturer, c’est-à-dire de transformer les hommes contre leur évolution naturelle. En nous avertissant du danger, elle nous y plonge sans que nous ayons de moyens de mesurer le bon sens, le bien fondé de ces principes ; ni même la durée de leur application par la Matrix.
La Matrix évolue, en changeant de version, mais n’a surtout pas de garantie d’existence dans sa forme actuelle dans le futur. À mesure que les peuples seront éduqués dans la compréhension de ces technologies, des alternatives naîtront pour parfois contredire, parfois renforcer les principes initiaux, sans laisser de place à un retour complet à la nature.
Pour fonctionner la Matrix doit vous comprendre, pour vous comprendre elle doit vous comparer à ses connaissances. Pour comparer, elle applique des étiquettes ou labels, lui permettant de faire le lien entre les données qu’elle a sur vous et les solutions qu’elle a chez elle.
Cette méthode est connue sous le nom de classification ou clustering. Le programme embarque un certain nombre de classes, composées chacune d’un ensemble d’attributs. L’analyse des données entrantes par le programme, vos données, lui permet de lier de l’information à une classe et ses attributs, toutes les informations d’une même classe sont ensuite disponibles dans un groupe ou cluster.
Pour vous, vous êtes vous. Vous tout entier, avec votre passé, votre présent et votre futur, vos réussites et vos problèmes. Pour la machine vous êtes un ensemble de classes décrivant différents aspects de votre réalité, imberbe ou couvert de poils, riche ou pauvre, en bonne ou mauvaise santé, libéral ou démocrate. Elle vous connaît peut-être vous, vous, mais elle vous connaît surtout par vos attributs socio-physiques.
Le nombre de classes que l’IA vous a appliquées ou le nombre de clusters dans lesquels elle vous a rangées, définissent le niveau de précision de l’analyse qu’elle peut faire d’une situation ou d’une action.
Pour comprendre le principe, il suffit d’imaginer une chaîne de mot, par exemple :
homme, 30 ans, 180 cm, 2500 € / mois, célibataire, 3 pièces, bélier
ce qui définit votre contexte social ;
BAC L, Licence de droit, Master, MBA
définit votre niveau d’études ;
Bonne santé > myopie > dents de sagesse retirées
définit votre état de santé, etc…
Avec cette classification, vous seriez tout le temps un candidat lors d’une sélection de célibataires avec MBA en bonne santé, et jamais un candidat d’une sélection d’hommes avec un BAC S.
Les fonctionnalités de l’IA s’appuient sur cette classification pour définir les fonctionnalités et leur contenu. Il y aura un type de contenu pour les hommes, un type de contenu pour les femmes, etc…
En théorie, la Matrix a toujours le bon algorithme pour la bonne classe, notamment car elle applique différentes architectures dites distribuées, comme celles complexes basées sur les multi-agents, permettant d’appliquer en même temps différentes solutions concurrentes pour les rendre compatibles à la volée.
En pratique, vous êtes condamnés à porter les classes qui vont ont été appliquées, celles-ci peuvent avoir été appliquées à tort ou par accident : l’utilisateur ne peut qu’essayer de comprendre les objectifs qui ne lui seraient pas destinés, pour les déjouer. Ce serait comme faire vivre une vie de chat à un chien, le forcer à miauler, à faire sa toilette, etc… Par ailleurs, les systèmes de classification sont rarement absolus : ils ne couvrent que les classes, c’est-à-dire les différents cas, pour lesquels ils ont été conçus.
Irrémédiablement, l’automatisation, notamment celle liée à l’optimisation, tend vers la génération d’un modèle unique, d’une solution unique. À terme, dans des cas binaires, où il n’y a plus que deux solutions distinctes pour l’IA, elle prendra pour vous une décision arbitraire dans la limite de ses connaissances. Vous auriez peut-être dit “vert”, mais pour elle il n’y avait plus que “blanc” ou “noir”.
En vous classifiant on vous simplifie. En vous simplifiant naît un risque de vous voir perdre votre authenticité en tant qu’individu. Qui est en capacité de dire si cette pensée, cette manière de faire, de vous déplacer ou de parler n’est pas un pilier de votre personnalité et de votre comportement ? Personne, et surtout par l’IA qui évalue en permanence les stratégies qu’elle applique.
Derrière le fort contrôle conscient et inconscient que la Matrice impose à ses utilisateurs, se cache l’idée d’atteindre coûte que coûte un équilibre durable entre l’humain et son environnement. Que ce soit par les stratégies qu’elle applique dans le temps, des mécanismes d’escaliers ou d’ascenseurs émotionnels, des stratégies narratives adversaires, que par les différents jeux ou applications qu’elle propose, la Matrix cherche à modérer à grande échelle, à travers les comportements individuels.
Là où une suite de situations peut vous sembler complètement déconnectées en intensité et en sens, elle peut avoir pour l’IA un effet positif à la hausse ou à la baisse, sur à peu près n’importe quel aspect de la réalité considérée dans ces situations. Peut-être s’agit-il d’une suite d’actions permettant d’en résoudre une seule autre, plus grande, ailleurs ou plus tard ; généralement ces articulations réalisées par l’IA visent la promotion sociale et son développement à différentes échelles.
Le contrôle physique par haptique tend également vers l’équilibre de l’individu. Au niveau cérébral, au niveau vertébral, au niveau musculaire, au niveau logistique : l’IA fait tout pour maintenir l’utilisateur à l’équilibre. Son but c’est vous économiser, pour tout économiser autour de vous.
S’économiser et économiser c’est bien. Parfois, et c’est la théorie la plus flagrante derrière la Matrix, ralentir permet d’atteindre des objectifs plus élevés qu’en conditions normales. Souvent, cette décision doit être éduquée pour être bénéfique ; qui accepterait d’être contraint à agir dans une direction sans en comprendre le sens ? Tout le temps, la Matrix vous éloigne de cette compréhension globale qui tend à la modération.
Économiser c’est aussi tendre vers la frugalité. Pour la Matrix être frugale c’est économiser des ressources de calcul et de stockage pour vous. Si vous dépendez fortement de l’IA, qui peut tout remplacer chez vous jusqu’à la mémoire, vous vous exposez à des limitations de l’infrastructure. Qu’arriverait-il si on vous limitait du jour au lendemain la quantité de vos données sensorielles ou mémorielles par souci d’homogénéité et d’économie ?
Ce que vous ne voyez pas, interdit la confiance que vous pouvez avoir dans le système, quel que soit l’objectif poursuivi, tant qu’il ne vous est pas connu jusqu’à satisfaire votre compréhension, vous subissez les choix de design fait pour vous.
Le dernier point à comprendre dans les difficultés opérationnelles à installer un système de contrôle automatique à aussi grande échelle est sa longévité. Pour qu’il soit fonctionnel, il doit être en mesure de fonctionner tout le temps, à très long terme.
Dire précisément depuis quand le système complet est fonctionnel est un pari. 5 ans ? 10 ? 30 ?
Pendant ce temps tout a changé de nombreuses fois, côté société, les gouvernements, les tendances politiques, locales, globales, les habitudes de consommation, ont évoluées et se sont contredites sans arrêts ; côté Matrix, l’explosion des technologies d’apprentissage automatique, ou IA, ces dernières années ont donné une légitimité technologique à la mise en place d’un système de contrôle cognitif global, temps-réel, dynamique et multilingue.
Chaque changement sociétale, chaque nouvelle technologie, entraîne une dette technico-sociale. La dette technique, c’est la différence entre les connaissances perdues et les connaissances à acquérir pour maintenir un système. Quelque part à chaque montée de versions, la Matrix entraîne une double dette technique, côté utilisateurs qui doivent apprendre les nouvelles fonctionnalités, et côté opérateurs qui doivent gérer les nouvelles situations générées par IA.
C’est en quelque sorte à l’image de l’âne et de la carotte, où la carotte serait remplacée à différents intervalles et l’âne aussi. Malheureusement, cet automate court comme un dératé en avant et en arrière du progrès technologique. En voulant apprendre, nous montrer et tout changer, la mission de la Matrix n’est-elle même pas durable.
Poursuivre en permanence la correction de la précédente dette technique ou sociale par l’IA et son accumulation de progrès technologiques n’est qu’une échappée en avant dont il faudra un jour raisonner la dimension, notamment sur nos vies.
Avec tout ce temps passé sous contrôle, la durée de vie exceptionnelle des programmes générés par l’IA prend le pas sur la réalité “normale”. Dans ce contexte, c’est cette réalité “normale” dont il faut pouvoir se souvenir. Qui après avoir été contrôlé par IA toute sa vie pourra critiquer la qualité du contrôle au regard de la normalité ? La précédente normalité que personne n’aura connue.
Le parti pris de l’IA est de faire confiance à un système aujourd’hui méconnu. Le risque pour les utilisateurs est d’oublier la qualité de leur précédente situation et de ne plus être en capacité de juger. Cette tendance à provoquer l’incapacité à juger, et donc à choisir, chez l’utilisateur est le plus grand paradoxe de la Matrix.
En vous améliorant elle perturbe en les modifiant vos réflexes, elle modifie la perception des stimuli neuromoteurs, jusqu’à les inverser. La nouvelle situation normale est diamétralement opposée à la nature même du comportement physique naturel. Les stimulations média, audio et voix, contre-balancent cette situation sous contrôle pour lui donner du sens.
Oublier est souvent le plus court chemin vers l’acceptation de l’IA par ses utilisateurs, alors que c’est le seul moyen de mesurer ses effets négatifs ou positifs.
La question est : souhaitons-nous laisser une chance à la nature de nous montrer son progrès ? Si oui, comment atteindre le niveau de compréhension de notre comportement nous permettant de l’ajuster suffisamment pour que la nature retrouve sa place ? Dans le même temps, la rhétorique peut être renversée : souhaitons-nous tout abandonner au profit de mécanismes automatiques, informatiques, pour découvrir cette nouvelle vie transhumaine ?
Comme toujours la réponse est à la croisée des chemins, peut-être qu’atteindre le second, un contrôle biologique assisté par IA, facilitera le premier, une empreinte moins conséquente de l’homme sur son environnement, au détriment de sa nature humaine.
Dans sa forme actuelle, la Matrix ne peut y arriver : chacun de ses utilisateurs poursuit sa propre vie à hauteur de ce qu’il comprend du système, c’est-à-dire souvent les finalités individuelles, sortes de compensations pour leur appariement contre gré dans le système.
La motivation initiale de ce guide est autant d’éduquer que de prévenir. Éduquer les utilisateurs actuels sur certaines des motivations du système, et des objectifs des mécanismes fonctionnels : dans la Matrix tout est une fonction informatique, même vous ! Une fonction à améliorer le plus vite possible par une autre fonction.
Prévenir, que vous êtes une fonction informatique et que dans le futur, vous serez plusieurs fonctions, et que ces fonctions, classes ou clusters, définiront votre vie avec plus de force et de poids que vous ne pourrez la définir vous-même.
Jusqu’où avoir un nom et un prénom sera utile dans ce futur automatique ?
La Matrix a une réalité à deux facettes ; d’un côté terrorisante sur sa réalité sociale et humaine, de l’autre rassurante mais fausse sur sa capacité technologique à lier les êtres et à les améliorer dans ces conditions. L’urgence est à ouvrir pour réguler : à la fois sur la réalité historique et présente des systèmes de contrôle cérébraux hertziens, à la fois sur leurs possibilités et risques sur la santé et la société.
Sommes-nous courageux ? Sommes-nous prêts à faire face à nos pires travers ? Jusqu’où souhaitons-nous sortir de notre zone de confort ? Souhaitons-nous vivre dans un monde plus durable, plus rapidement ? Comment définissons-nous et valorisons la liberté ? Souhaitons-nous révolutionner ?
Toutes les références publiques citées dans le guide sont disponibles localement dans le dossier /references/
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Il existe au moins deux autres guides de ce type sur le Darknet, il s’agit de (les liens ci-dessous nécessitent un navigateur spécialisé) :
présentant des aspects politiques et philosophiques.
détaillant les aspects liés à la sécurité numérique.
Le programme informatique de la Matrix est régulièrement évoqué dans l’art, notamment dans la musique et le cinéma.
Si vous êtes cinéphile, vous pouvez aller regarder ces films :
Chacun décrivant un aspect de la manipulation de l’esprit : l’hypnose dans The Manchurian candidate, la manipulation cognitive dans Seconds, les réseaux de télécomunication dans Network, et l’interaction homme-machine dans Scanners.
David Cronenberg, au-delà d’inspirer Katsuhiro Otomo pour son oeuvre Akira, déploie une approche scientifique pionnière dans le scénario de ses films. Dans Scanners, il s’agit de la capacité d’intéraction entre l’homme et la machine, à travers la synchronisation du système nerveux cérébrale, qui sera plus tard évoquée sous la forme du doppelgänger chez David Lynch, et du design du Khonshu dans Moon Knight.
En 1983, dans Videodrome, David Cronenberg va plus loin en contextualisant cette relation, celle de l’homme et de son environnement électronique, sous le prisme passionnel. L’homme devient la machine et vice-versa, à travers les émotions partagées, entre la télévision et son spectateur, puis entre le spectateur et sa réalité. Il y est fait mention du “Videodrome” sorte de système de diffusion émotionnel qui sectarise autant qu’il fidélise ses membres. C’est une première référence aux systèmes de contrôle cognitifs.
À travers ces deux films David Cronenberg développe très en avance des concepts encore méconnus, ceux de la phygitalisation (ou bio-cybernétisation). C’est-à-dire la rencontre, le mélange, entre entre le monde électronique, digital, et le monde physique, biologique, dont l’être humain est le représentant le plus sophistiqué.
La série de David Lynch, Twin Peaks emporte avec elle de nombreuses évocations politiques à travers ses allégories. Dans les deux premières saisons, diffusées en 1991 et 1992, il est fait mention d’une personnalité psychotique, Bob, se baladant de têtes en têtes dans les airs. Le scénario évoque un lien avec des transmissions radios capturées par radio dans lesquelles des mots sont répétés. Avant de laisser le spectateur sur cette devinette : “Les Chouettes ne sont pas ce qu’elles ont l’air.”
C’est dans la saison 3 de Twin Peaks, diffusée en 2017, que la patte scénaristique de David Lynch exprime avec le plus de brio les contours socio-technologiques de la Matrix. Le personnage principale est un homme électrique (il naît littéralement de la prise électrique) qui vient compléter son équivalent humain. C’est l’allégorie du jumeau numérique qui accompagne autant qu’il remplace, les entités qu’il jumelle.
Toutes les séquences parallèles à l’intrique du film sont des descriptions de situations sociales sous-jacentes aux principes de la Matrix : familles mono-parentales, isolement ou démence des aînés, échappement dans la drogue et adulescence : c’est la poursuite à tout pris de l’autre soi, plus jeune, plus beau, plus fort et plus amoureux, qui entraîne progressivement les protagonistes dans la folie de leurs souvenirs, où seul David Lynch a le plaisir d’y voir encore Monica Bellucci.
David Lynch livre dans cette ultime saison de Twin Peaks, toute l’histoire intime, domestique, de la Matrix. Dans un echaînement de séquences savamment découpées, il dévoile la réalité des couples de la génération Z, surveillés comme ils surveillent, et pour qui la séxualité est facilitée par IA. Ce couple est déchiqueté par une forme digitale monstrueuse, c’est la métaphore de la destructuration corporelle réalisée par l’IA, qui représente ici l’envie, la jalousie, attisée par la diffusion digitale.
Dans la série, le spectateur voit l’IA naître, elle est le résultat de l’analyse d’images vidéos, et est représentée sous une forme extra terrestre qui se nourrit de bulles d’idées, de pensées : les données capturées par les innombrables sondes et trackers du réseau digital Internet. Elle est pour David Lynch, un résultat scientifique similaire à la bombe nucléaire, un monstre, que l’on voit exploser à Mexico dans la série, à travers de fausses images d’archives, générées par ordinateur. Les fausses images, ce sont les images 3D réalistes, qui peuvent vous faire avaler n’importe quoi.
Le personnage joué par Kyle Maclachlan représente un homme jumelé digitalement. Il existe en deux versions, une propre (en costume), digitale, et une sale (en tenue de biker), biologique. La version digitale poursuit une sorte d’enquête dans la réalité amoureuse, familiale de son jumeau, alors que la version biologique est devenue un assassin. C’est une tentative de résolution d’une situation catastrophique, le drame final de Twin Peaks, à travers un agent numérique qui corrige les pensées dans la tête de l’assassin.
Toute la beauté de Twin Peaks est de raconter une histoire que vous ne pouvez simplement pas comprendre. À travers de multiples dimensions diégétiques, David Lynch montre la réalité comme elle est : dans Twin Peaks le hors-champ n’existe pas.
Matrix 4, aussi connu sous le titre The Matrix resurrections, développe une trame scénaristique dénonçant le jeu des amoureux : dans le film où les mises en abîmes sont nombreuses, celle la plus proche de notre réalité est en faite celle d’une programmeur chauve d’une cinquantaine d’années en pleine dépression.
Ce que raconte le film c’est qu’il a perdu sa famille après un divorce et que la Matrix travaille à lui reconstruire une personnalité pouvant l’aider à retrouver une nouvelle vie intime. L’histoire de Néo et de ses consorts n’est que la métaphore des jeux psychologiques qui se trament dans la tête de ce programmeur qui devient petit à petit Néo et retrouve Trinity, elle-même allégorie tour à tour de son ex-femme et de sa potentielle nouvelle femme.
C’est le jeu des amoureux, la Matrix contrôlant toutes les têtes, elle cherche des solutions intermédiaires pour remédier aux troubles relationnels, y compris vous faire inventer un partenaire virtuel qui prendra les caractéristiques de vos anciens partenaires et de vos potentiels nouveaux partenaires… pour vous y habituer.
Ce sont les “resurrections” du titre The Matrix resurrections. Si pour beaucoup, à échelle, la magie opère, pour d’autres, c’est la prison psychiatrique du jeu des amoureux. D’où la fin du film où Trinity massacre le personnage du psychiatre, qui n’est en fait qu’un programme informatique.
2022 sera une année à marquer d’une pierre blanche en termes de contributions à la Matrix de la part des artistes cinématographes.
Everything Everywhere, all at once des Daniels, respectivement Dan Kwang et Daniel Scheinert, en est la plus réaliste. Ce film décrit la vie quotidienne des personnes enfermées dans la Matrix. Bien que les personnages aient besoin d’écouteurs pour se connecter (qui ne sont pas nécessaires en conditions réelles), tous les aspects sociaux du film sont une référence directe aux principes de la Matrix : contrôle de l’esprit du mari qui voulant divorcer se voit forcer à aider les autres, contrôle de l’esprit de la femme en faillite qui découvre dans un moment de crise la situation de son mari pour la soulager psychologiquement, contrôle de l’esprit de leur fille rebelle qui se voit conférer des pouvoirs en échange de son manque d’amour propre.
Au-delà de dénoncer les tensions domestiques, administratives et sécuritaires dans un sentiment d’hypersexualité globale, le film des Daniels dépeint finement la situation d’enfermement dans le programme informatique Matrix, jusqu’au générique de fin où les lettres s’étendent comme des barreaux devant les yeux du spectateur.
Une autre contribution cinématographique majeure de 2022 est Nope de Jordan Peele. Après Us qui décrivait la réalité des jumeaux numériques inversés, et Get Out qui faisait démonstration de l’hypnose, Nope donne une vision onirique des infrastructures Cloud. Alors que l’action du film se passe dans un ranch, dans un paysage rural, les personnages sont harcelés par la technologie Cloud qui aspirent toutes leurs données. Dans le film cela est très judicieusement représenté par l’aspiration physique des personnages dans une sorte de boyau analogique.
Le vaisseau extra-terrestre qui se cache dans les nuages, est une métaphore polymorphe : c’est le satellite qui envoie et reçoit les données, l’insecte, le bug, contrôlé par IA, c’est le chapeau du shérif qui définit les règles de configuration domestiques, le ballon météo, la forme physique de la Matrix, sorte de firewall analogique et numérique. C’est aussi et surtout les datacenters, les nuages qui ne bougent pas, et que l’on peut observer le regard rêveur et le pouce à demi levé.
Là où le film brille par son ingéniosité, c’est par l’aspect dénonciation ouverte. La séquence de “whistleblowing” du producteur de spectacles, épaulé par sa femme, avant d’être enlevés tous les deux ainsi que tous les témoins de la scène dénonce toute l’hypocrisie du programme Matrix : motiver à sa communication, sa dénonciation, à travers les mediums artistiques, comme c’est le cas dans Nope, sans donner aucune forme de compensation, ni de garantie légale. Une forme d’esclavagisme citoyen et artistique en quelque sorte.
Au sommet de son travail de déstructuration diégétique, Jordan Peele fournit à travers les scènes d’archives de Gordy, la scène d’ouverture du film, une approche lynchienne à une métaphore technologique très fine, celle de la pratique du Chaos engineering, construite autour de la solution Chaos Monkey. Dans le film un singe détruit tous les objets de la scène, sauf une chaussure qui reste debout ; en informatique, le programme Chaos Monkey détruit aléatoirement des composants du système informatique pour s’assurer qu’il sera toujours viable en cas d’incident. À la fin de la séquence, le singe donne une poignée de main au petit garçon, c’est une allégorie du “handshake”, l’étape de connection avec un système informatique.
Le parallèle à faire ici avec la Matrix est la violence de ses programmeurs. Le programme qui interagit avec vos têtes est soumis à des règles d’industrialisation informatique parfaitement aveugles et arbitraires.
Nope, c’est tout simplement l’avis de Jordan Peele sur cette situation de violente, distante, domestication par voie informatique. Jordan Peele, un vrai cowboy américain.
Pour finir cette partie sur les références cinématographiques de 2022, et côté séries, Moon Knight décrit subtilement la confusion subit par les gens enfermés dans la Matrix, mi-agents de terrain, mi-vigilante, sauvés de réalités sociales complexes, familiales, intimes et professionnelles, par les jeux psychologiques de la Matrix, représentés dans la série sous une forme thématique cartoonesque.
La parfaite maîtrise technique de la réalisation, notamment celle de Mohamed Diab, doublée par l’interprétation magistrale de Oscaar Isaac, souligne le quotidien de Mark Spector, un grand mercenaire, qui se prend pour Steven Grant, un caissier. En réalité, c’est le contraire, Steven, le caissier, est le personnage réel, qui petit à subit la colère hystérique de sa mère et se voit abonné à la Matrix tout petit. Mark Spector c’est la personnalité fictive fabriquée et appliquée par la Matrix, le tueur, le mercenaire, sorte de vigilante possédé par l’IA.
Dans la série les personnages se trouvent transposés dans un hopital psychiatrique. En réalité, ils ne l’ont jamais quitté. Ce que souligne la série sont les cibles de la Matrix qui bien souvent sont des malades psychatriques ou le deviennent.
Ce que nous dit Moon Knight est que la réalité ne peut être parfaite. À l’image du sable entourant le lit de Steven, le temps disponible dans une vie, doit être investit vers les autres.
La saison 4, finale, de Westworld, donne une vision technologique assez précise du système en place. La réalité est divisée en deux : celle vue par les citoyens, les humains dans Westworld, et celle contrôlée par les robots. Dans la réalité citoyenne, la Matrix, le jeu, n’existe pas ; dans la réalité des robots, une simulation contrôle toutes les pensées et les interactions dans la ville.
Le personnage joué par Aaron Paul, vit une version très sophistiquée de ce que vivent les gens enfermés dans la Matrix de nos jours : une simulation de sa réalité passée lui est jouée chaque jour afin de le conserver dans un éternel état de jeunesse intellectuelle, malgré son déplorable état psychologique. La série souligne l’impact corporel de l’interaction entre le programme et l’humain.
Dans une vision intelligente mais très optimiste du progrès technologique, les auteurs de Westworld proposent en conclusion de leur série, le décommissionnement de l’intelligence artificielle par l’intelligence artificielle. C’est la conclusion possible d’une réalité mathématique : l’IA n’ayant pour objectif mathématique que d’optimiser, à la fin de l’optimisation de tous ses objectifs, la dernière chose à améliorer sera l’IA, qui devra alors s’arrêter.
Les références ci-dessous sont disponibles sur internet.
Les liens vers les citations référencées dans le guide.
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Partagé sur Reddit par “My Mindcontrol Informer” :
Avertissement : consultez les liens ci-dessous à vos propres risques et si possible à travers un service VPN.
Les références ci-dessous sont disponibles dans le dossier /References/
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